L' Argenterie et l'Orfèvrerie
Continuons nos reportages du samedi sur les Arts de la table française.
Le mot Orfèvrerie désignait à l'origine le travail de l'or. Il s'est ensuite élargi au travail sur d'autres métaux (argent, cuivre, laiton, maillechort) recouverts d'or ou d'argent. (Le Maillechort est un alliage de cuivre de 55 à 70%, de zinc de 15 à 30%, et de nickel de 8 à 30% avec parfois des additions de plomb, d'étain ou de fer ; cet alliage a été utilisée la première fois vers 1819).
L'argent est un métal trop maléable pour être utilisé seul. Ce qu'on appelle argent massif est en réalité un alliage, composé principalement d'argent pur avec un faible pourcentage d'un autre métal, en général du cuivre.
Reconnaître l'argenterie
Plusieurs éléments entrent en ligne de compte pour évaluer une pièce d'argenterie : le titre, le poids, le travail, le modèle, la région d'origine, l'ancienneté. Mais la source essentielle de renseignements reste le poinçon.
L'Argenterie Ancienne
Ce que les professionnels appellent "argenterie ancienne" concerne la période allant jusqu'à 1838. date à laquelle apparaît le poinçon à la tête de Minerve. Une pièce d'orfèvrerie réalisée avant 1789 porte obligatoirement 4 poinçons.
Les couverts de l'Ancien régime
Pour explication, Le couvert à queue de rat est un couvert que l'on trouve au XVIIIème siècle, regardez l'une de mes petites cuillères de ma collection perso.
Les Astuces du Chineur
Prenez garde à l'état de conservation : l'usure est normale, mais la décoration doit être intacte. Quant aux fourchons, ils doivent être droits et en bon état. Attention aux faux : les poinçons anciens sont parfois soudés sur des modèles neufs. Il convient donc de comparer les données du poinçon avec la facture et le style, et de vérifier l'emplacement du poinçon et son état. On trouve moins de fourchettes et de petites cuillères que de grandes cuillères. Le modèle uni plat "à queue de rat" est le plus recherché, suivi des modèles à filet et à coquille. Strasbourg, Bordeaux, Lille, Paris et Arras sont de bons poinçons pour l'argenterie du XVIIIème siècle.
Les couverts au XIX ème siècle
A partir de 1843, le poinçon dit "à la Minerve" marque les débuts de l'argenterie "moderne". Il correspond à une résurgence des styles du passé, qui va caractériser la seconde moitié du XIX ème siècle.
Les Astuces du Chineur
La présence d'armoieries augmente la valeur d'un couvert, celle du chiffre la diminue. Une série de couverts anciens coûte proportionnellement plus cher que des pièces individuelles, mais il est beaucoup plus courant de trouver des couverts dépareillés. Les couverts de la seconde moitié du XIXème siècle sont parfois vendus au poids. les couverts à décor "tarabiscoté" ne plaisent pas actuellement, du moins aux Français. Mais forcément cela va changer un jour ! Les couverts du début du siècle gravés des poinçons "coq" ou "vieillard" sont plus recherchés et plus chers que les couverts à la Minerve. Néanmoins les premiers "à la Minerve" ont aussi une certaine valeur. Les couverts à dessert pourvus d'un manche de nacre et d'une lame de vermeil Empire ou Charles X sont particulièrement recherchés.
Et vint le métal argenté
lire Christofle
Les Astuces du Chineur
L'amateur qui aime les belles tables sera comblé par le métal argenté, car il peut aisément acheter de très jolies pièces portant le même décors que les couverts en argent massif, et ce pour un prix modique, bien inférieur à celui du neuf. Pour un modèle courant, il sera plus économique d'acheter la ménagère entière plutôt que les couverts un par un. De plus, bien protégés dans la ménagère, les couverts seront souvent en parfait état. Le métal argenté n'a pas de valeur en soi, mais la rareté de certains modèles, ou la célébrité de leur commanditaire, leur confère une cote (ainsi, par exemple le couvert Art nouveau créé par Christofle pour Maxim's). Acheter une ménagère ou un coffret à couverts vides est intéressant : on n'a pas trouvé mieux pour ranger.... les couverts.
Les couteaux
Les Astuces du Chineur
Il faut veiller à ce que les lames soient en bon état et bien fixées au manche. Les couteaux du XIX ème siècle à manche d'ébène ou de corne sont répandus et peu chers. On trouve aussi des séries de jolis couteaux à dessert à prix intéressants. Les couteaux les plus rares, et donc les plus recherchés, sont ceux du XVIII ème siècle, notamment ceux à manche de faïence ou de porcelaine. Les couteaux à manche d'argent fourré sont également fort recherchés, car très rarement en bon état.
Les cuillères et les couverts à servir.
Les Astuces du Chineur
On trouve des étuis contenant des services à hors-d'oeuvre ou a petits fours qui sont de toute beauté. Les manches d'ivoire ou de nacre en font de véritables bijoux, et leur prix reste très accessible. Il en va de même pour les couteaux à découper ou les couverts à salade à manche de corne ou débène. De quoi faire plaisir, même si, ne l'oublions pas, ces pièces ne passent pas au lave vaisselle. Les cuillères à ragout, à olives ou a moelle et les saupoudreuses de XVIII ème siècle sont les pièces les plus recherchées.
Les couverts du XX ème siècle
Les Astuces du Chineur
Les couverts d'occasion d'une grande maison coûtent souvent deux fois moins cher, et les pièces à servir jusqu'à 70% moins cher que le même modèle neuf. Qu'on se le dise ! Pensez aussi à l'argenterie des années 40, qui est de bonne qualité. Tandis que le prix des couverts en argent est en général en fonction de leur ancienneté, l'Art déco fait exception. Certains couverts sont aussi chers que des couverts du XVIII ème siècle. Il est vrai que cette période n'a duré qu'une quinzaine d'années..... Attention aux copies ! Néanmoins on trouve des couverts ordinaires en métal argenté de style Art déco jolis et pas chers du tout. Certains modèles en métal argenté sont fort recherchés des collectionneurs, par exemple le couvert de Christofle pour le Normandie à condition qu'il soit chiffré C.G.T.
et nous allons terminer par l'Etain
Les Astuces du Chineur
Les pièces de forme (pichets, écuelle, aiguillères) sont plus recherchées que les assiettes. Il y a de très nombreux faux en circulation même poinçonnés (on a dénodé jusqu'à 250 faux poinçons), notamment fabriqués en Espagne ; nous les retrouvons sur les marchés, Internet et vente de porte à porte. Leur teneur en plomb, souvent supérieure à 10% leur donne un aspect sombre et terne. Il faut inspecter l'intérieur : on voit les traces de l'outil qui les a repoussés mécaniquement.
La semaine prochaine, je vous parlerai de la verrerie et de la cristallerie.
Afin de vous faire partager ma passion du beau, je me suis documentée sur les Carnets du Chineur très bien conçu d'Inès Heugel.