Château de Cormatin
C'est par une belle journée de printemps, que nous commençons nos escapades châtelaines en Bourgogne du sud. Pour cette première de la saison, nous choisissons un mercredi et le Château de Cormatin qui se trouve à un peu plus de 2 heures de la maison ; qu'à cela ne tienne, un pique nique dans la voiture et nous décollons à 9 heures pour nous arrêter d'abord à Pérouges et visiter l'un des plus jolis villages de France. Il se trouve dans notre département l'Ain, mais aussi à quelques encablures de Lyon. Un beau village médiéval dont je vous reparlerai prochainement. Cet arrêt faisant l'objet d'un repérage pour y emmener nos prochains visiteurs.
Le Château de Cormatin est un château du XVIIème siècle, entre Tournus et Cluny, en plein centre du village du même nom. On le croirait posé sur l'eau, il est entouré de jardins et de prairies. Ce sont les Marquis du Blé d'Huxelles qui l'ont fait construire au début du XVIIème siècle., pour témoigner de leur puissance et de leur prestige comme le souhaitait Henri IV qui voulait voir la noblesse "habiter aux champs", afin de rétablir la prospérité dans les campagnes.
En 1980, quand les nouveaux propriétaires prennent possession de la demeure. Le château est en grande partie en ruines, entouré d'une végétation envahissante et de prairies marécageuses. Parmi les 3 acquéreurs : Marc Simonet Lenglars ; à l'époque chargé de mission auprès de Jack Lang au Ministère de la Culture. Un homme de grande culture qui maintenant la partage avec ses visiteurs. Il commence à vous inviter dans chaque pièce à vous asseoir et vous raconte d'une façon imagée le XVIIème siècle, un vrai régal pour l'amoureuse d'histoire que je suis. Pendant plusieurs années les promenades de Monsieur François Mitterrand le conduisent à Cormatin, il y emmène même d'illustres amis. Il ne se lasse jamais de cet endroit, car c'est aussi le pays de Lamartine, ce grand homme qui eut un fils avec l'une des dames des lieux : Nina de Pierreclau.
Je vais partager avec vous les photos que j'ai faites particulièrement dans l'aile nord dans les appartements de la Marquise. Malheureusement les travaux ont été interrompus par la mort du Marquis en 1629. Mais avant, jetez un coup d'oeil sur un élément important du château : l'escalier qui s'élève sur quatre niveaux et 21 m de hauteur, réalisé par un homme qui a habité un de mes villages dans une autre de mes vies, je veux parler de Salomon de Brosse.
Pour ceux et celles qui apprécient l'Art, vous y verrez une extrême rareté de décors intérieurs aussi bien conservés d'époque Louis XIII et qui sont parvenus jusqu'à nous, ce qui rend ceux de Cormatin encore plus précieux. La qualité des propriétaires, leurs liens avec les cercles les plus élégants de la capitale, celui de la Marquise de Rambouillet comme celui de la reine mère Marie de Médicis ont conféré à la demeure un caractère exemplaire. Nous commencerons la visite par l'antichambre de la Marquise (1628) et nous pourrons admirer ces magnifiques décors peints et l'ornementation. Les plafonds sont de toute beauté.
Le portrait équestre du jeune Louis XIII
Diane et Minerve évoquent la chasse et la guerre.
Nous rentrons maintenant dans la chambre de la Marquise. Il faut savoir qu'à l'époque c'est la pièce principale de l'appartement, où l'on reçoit et où l'on prend le plus souvent les repas. L'opulence décorative doit représenter aux yeux des invités le rang de leur hôte. La cheminée en bois sculpté rappelle par son ampleur et sa richesse les retables des églises.
Vous pouvez admirer la coiffeuse de la Marquise, dans un coin de sa chambre un oratoire pour Elle seule. Une table dressée devant la cheminée, au dessus de la cheminée, ce tableau est attribué à Quentin Varin peintre de Marie de Médicis, il est au château depuis 1627 et il symbolise la sollicitude maternelle : Vénus demandant à Vulcain des armes pour son fils, le Prince Enée.
Voici le plus joli cabinet en parfait état : le cabinet d'harmonie. Au début du XVIIème siècle, le décor d'un cabinet le plus précieux et le plus intime de l'appartement, est souvent conçu comme une célébration du propriétaire ou de sa famille.
Face à la fenêtre et au dessus de la cheminée Sainte Cécile patronne de la musique.
Au plafond,la Renommée célèbre la gloire de la famille du Blé
Nous terminerons la visite des intérieurs par un appartement XIXème siècle, de style Napoléon III de surcroît. Car, il faut savoir qu'à cette époque le château est habité par le directeur de l'opéra de Monte Carlo : Raoul Gunsbourg ; après l'avoir richement meublé, il en fit un lieu de fêtes somptueuses et y reçu de célèbres chanteurs d'Opéra.
Des spectacles d'Opéra sont montés dans le parc. Raoul Gunsbourg fait installer la scène dans le grand pré à droite de l'entrée. Ces fêtes se passent toujours le soir et sont toujours illuminées. Comme le château est au milieu du village, tout le monde profite des répétitions ; les villageois n'ayant pas l'habitude de ce genre de musique disent :"on entend les guelantes du château". Les grands jours, les villageois,se mêlent aux beaux messieurs et aux belles dames qui débarquent des automobiles.
La grande guerre, hélas a mis un terme aux fêtes de Cormatin comme tout ce qui survivait encore de la légèreté des siècles. Après cette visite très intéressante, nous nous sommes promenés le reste de l'après-midi dans les jardins, nous avons fait le tour du château afin de le découvrir sous tous ses angles. Nous sommes montés en haut de la volière pour le voir d'une autre façon, nous nous sommes reposés en dessous d'un grand marronnier et nous avons terminé par le jardin aux allures anciennes.
Je retiens de cette journée, une visite remarquable. Le seul "bémol". Comme les visites se succèdent les unes aux autres sans arrêt, j'ai manqué de temps pour admirer plus attentivement les jolis décors. C'est là, parfois ou je regrette de ne pas avoir une visite privée de certains endroits. Le château n'étant pas très loin de la Saône, de nombreux bateaux de croisières fluviales ont la visite du château dans leur excursion de la journée ; on y croise des touristes cosmopolites qui se mélangent entre deux salles aux visiteurs français. C'est là, où je suis fière d'avoir un pays aussi riche en monuments historiques. Et une admiration pour certains des propriétaires qui ont su relever pendant des années leurs manches pour restaurer des ruines et les aménager avec le souci des détails et des époques, afin que notre patrimoine soit conservé et partagé avec tous.
Pour ceux et celles qui ont eu le courage de lire mon billet jusqu'au bout, j'espère leur avoir fait partager ma passion des châteaux.
A savoir que le château de Fléchères (01) est actuellement restauré par les mêmes propriétaires.
Photos personnelles et adaptation des textes en suivant le superbe hors-série de Connaissance des Arts sur le château de Cormatin. Je n'ai eu aucun regret en l'achetant car il complète la visite si bien menée par un des propriétaires qui a su nous transmettre sa passion.