Le Taiseux et l'Autre.
Quand un taiseux partage la vie d’un bavard !
Pas toujours facile de vivre avec lui. Quand de son côté l’autre a toujours quelque chose à dire, et aimerait être écouté, pour lui donner l’envie de répondre, dialoguer, partager.
Un taiseux n’a jamais rien à vous dire, quand il est rentré dans la spirale de la routine de sa vie quotidienne, il est compliqué de l’en extraire. Au début quand un taiseux apprend à connaître l’autre, il fait l’effort de parler, il se dévoile un peu, raconte sa vie précédente ; mais au bout de plusieurs années de vie commune, le naturel revient au galop ; le taiseux ne trouve plus rien à dire. Un taiseux n’est jamais à l’écoute de celui ou de celle qui parle à côté de lui, quand c’est le cas, il n’entend qu’un ronronnement routinier dans son oreille, mais les trois quart du temps il n’écoute pas et il n’entend même plus celui qui est à côté de lui et qui lui parle, pourtant l'autre a simplement le désir d’échanger. Il ne se rend même pas compte qu’un éloignement discret s’installe et qu’il pourrait déboucher sur une rupture, mais quand cela arrive, bien souvent Il n’a rien vu venir et il est même étonné que tout s’écroule autour de lui. Certains, pleurent se lamentent et font une grosse dépression. Mais rarement ne se remettent en question, s’ils le font cela ne dure que le temps de se reprendre et se réinstaller dans le confort de l’habitude.
Le taiseux, donne l’impression de ne rien imprimer dans son cerveau. Il fait répéter les gens sans arrêt car il ne les entend pas ou ne les comprend pas du premier coup, c’est une des choses les plus désagréables pour l’autre. Comme il n’écoute pas, il ne se souvient jamais de ce que l’autre a dit. Et lui dit sans arrêt ; « mais non, tu ne m’as pas dit » ! Et quand il n’est plus très jeune, l’autre s’interroge et appréhende une maladie dégénérative car c’est compliqué de reconnaître le bien du mal si l’on peut dire.
Le taiseux n’exprime jamais ce qu’il ressent, on a l’impression qu’il n’a pas de sentiments. Pour lui aimer, c’est automatique ; on aime sa femme ou son mari, ses enfants car c’est normal et obligatoire et c’est comme ça. Il ne leur dit pas « je t’aime ». Il est tellement ancré dans ses habitudes, qu’il ne lui viendrait même pas à l’idée qu’il serait bon de se remettre en question et de se poser les bonnes questions. Lui semble heureux. Pendant ce temps là, l’autre a l’impression d’être enfermé dans une maison bouclée à double tour et qu’il a perdu la clef pour ouvrir la porte. Le taiseux ne prend jamais la défense de l’autre, ne s’intéresse pas aux autres, et donne l’impression d’être égoïste.
Le taiseux donne l’impression dans son entourage qu’il est bon, gentil et ceux qui le rencontre disent sans arrêt ; Mon Dieu, comme Gustave ou Pauline est gentil(le), c’est un bon mari, une bonne épouse, un bon père, il ne dit jamais rien. Oui, c’est justement ça le problème il ne dit jamais rien et quand il ose dire quelque chose il tombe bien souvent à côté de la plaque, l’autre n’ayant pas l’habitude de l’entendre. Il ui arrive quand même de dire ce qu'il en pense, mais alors là, il faut vraiment que l'évènement l'ait choqué très fort. Les enfants grandissent en pensant qu’ils sont très heureux puisque jamais on ne leur dit quelque chose même si parfois ils essaient de provoquer le taiseux ; pourtant celui-ci aurait besoin souvent de recadrer sa marmaille. Quant ils arrivent à l’âge adulte, ils disent : j’ai eu une enfance super, j’étais très heureux ; sauf que souvent ils ne sont pas armés pour affronter la vraie vie. Le manque de communication, se fait toujours un jour ou l’autre ressentir.
Le taiseux se fait dominer par la routine. Les catastrophes ne lui servent jamais de leçon. Le taiseux ne connaît pas l’autre et ne le défend jamais. Il ne pose jamais de questions. Il a une sainte horreur des conflits et il préfère ne rien dire pour les éviter. Il n’aime pas prendre les décisions. Alors je peux vous dire quand l’autre est un bavard, il fulmine plus d’une fois et comme une soupape de sécurité parfois il explose, eh bien même ça, ne change pas la façon de faire du taiseux.
Vu de l’extérieur, c’est le taiseux qui est le meilleur. L’autre, est toujours le méchant, celui qui parle trop. Le taiseux c’est la personne qui ne dérange personne et pour beaucoup, c’est l’idéal comme il est contre les conflits, jamais il n’en provoquera. Le taiseux ne dit jamais les choses en face, ni derrière le dos, on sait rarement ce qu’il pense au fond de lui.
En un mot, le taiseux donne l’apparence d’une personne qui subit la vie, qui accepte beaucoup, et qui manque de personnalité. Pas toujours simple pour l’autre qui au fil des mois et des années a de longs moments de solitude.
Moi, je vis avec un taiseux. Mais mon Dieu comme je l'aime mon taiseux.