Les trésors enfouis
Quand j’étais enfant. Certains dimanches d’hiver, ma grand-mère descendait la grande boîte en carton de La Belle Jardinière, célèbre magasin parisien du début du XXème siècle. Dans cette boîte, elle y rangeait toutes les vieilles photos ayant appartenu à différentes personnes de la famille. Elle avait aussi récupérées celles de ses parents et de ses grands-parents.
Une vraie mine de souvenirs, inlassablement elle me présentait toutes les personnes qui avaient traversé sa vie et qui pour certaines s’étaient envolées depuis longtemps. Seulement, au dos elle n’inscrivait pas les noms, dommage ! Néanmoins comme elle ressortait souvent sa grande boîte, ma mémoire enfantine inscrivait dans un coin de mon cerveau le nom de l’inconnu et sa parenté avec moi. J’aimais ces journées de retrouvailles familiales, si l’on peut dire.
par exemple la personne âgée au milieu, c'était sa grand-mère Louise Bourcy-Morel (1842/1932)
Etant fille unique comme je vous l’ai déjà dit, maman aussi étant partie avant ma grand-mère ; c’est moi, qui ait hérité de tous ces trésors d’un autre temps. Très sensibilisé depuis toujours par l’histoire de notre famille, j’ai conservé ces veilles photos et depuis, j’ai mis au dos les noms que je me souvenais.
Je suis très conservatrice, ça aussi je vous l’ai déjà dit. Chez moi, tout est rangé consciencieusement, pas de photos qui traînent dans les tiroirs. Toutes sont regroupées dans des albums de l’époque. A mon grand désespoir, ces albums aux supports collants sont très mauvais pour la conservation dans le temps ; il est souvent impossible d’y retirer une photo sans l’endommager. Le tout est rangé dans l’armoire de la chambre reconstituée de mes grands-parents, elles sont donc en terrain de connaissance.
Cet hiver, j’ai repris la généalogie ! Soit, avec un autre esprit. Mais avec le souci d’agrémenter l’histoire de mes ancêtres avec les photos et les cartes anciennes que je possède. Inutile de vous dire que le scanner fonctionne beaucoup en ce moment à la maison, doublé par Picasa pour rendre leur éclat aux photos jaunies par le temps.
Les cartes postales, sont toutes dans des albums à pochettes plastiques, donc absolument pas endommagées. Dans une vingtaine d’albums se trouvent presque la France entière ; un vrai trésor de brocante. J’ai mis à jour mon logiciel « Généatique », j’ai repris un abonnement « premium » à Généanet et avec joie, j’ai découvert les nouvelles fonctions bien améliorées par rapport à mes versions 2009.
Parmi ces nouvelles fonctions, une qui me plaît beaucoup. Le partage des actes, des cartes, des blasons et des documents avec ceux qui passent par là. J’ai donc décidé de faire profiter un maximum les internautes qui font des recherches ; car je doute que mes enfants après moi aient le même don de conservation de leurs ancêtres.
Trop plongés dans le monde actuel, ils sont bien loin de la conservation des patrimoines familiaux. Pourtant, ces racines, ce sont celles qui font le monde d’aujourd’hui. Je ne voudrais pas que mon travail généalogique de toute une vie se retrouve après moi sur les brocantes. J’envisage donc, s’il n’intéresse pas mes proches, d’en faire dons aux archives d’associations généalogiques. Je reste convaincue que c’est un patrimoine qui doit se conserver.
La boite qui a remplacé celle de la Belle Jardinière
Trop de photos, de documents, d’actes notariés et même de registres paroissiaux se trouvent sur les brocantes partout en France. A chaque fois que je vois des cartons de photos d’inconnus sur un étalage, cela me fait mal. Quelque part, c’est un manque de respect de la part des familles qui s’en séparent parce qu’ils ne savent pas quoi en faire. En cherchant bien on peut trouver des organismes d’histoire, de généalogie, de conservation de photographies anciennes qui commencent à récolter ces biens précieux. Donc, si un jour vous débarrassez une maison familiale avec de tels trésors essayez de trouver une autre issue que les brocantes ou la poubelle.
Pour terminer, je vais vous raconter une anecdote vécue dernièrement. Dans ma famille, on m’a toujours connue comme celle qui s’intéressait à la mémoire familiale et à l’histoire en général.
En l’An 2000, quand le cousin germain de maman est décédé, n’ayant pas de descendance et comme il aimait les mêmes choses que moi, sa compagne m’a donné toutes ses photos familiales et papiers qui pouvaient m’intéresser, même ses vieux appareils photos, lui aussi était un mordu de photographie, il a été un des premiers à faire des diapositives. Je les ai rangées soigneusement sur une étagère de mon armoire et je les ai laissé dormir jusqu’à ce mois-ci. J’ai décidé d’y jeter un œil et de les répertorier avec les autres.
Là, qu’elle a été ma surprise d’y découvrir certaines photos qui m’étaient inconnues et pourtant elles me touchaient de très près, puisqu’elles concernaient mon père biologique, ainsi j’ai découvert les pieux mensonges que l’on m’avait racontés sur ma filiation et une autre version du secret de famille qui n’en était plus un, mais largement édulcoré. Eh bien ! Je peux vous assurer que, passée 70 ans, cela fait tout drôle. Ne mentez jamais, même par omission, la preuve, tout se sait un jour ou l’autre et ça peu faire mal.
Merci Paul.