Les sentiments.
Quand nous analysons le mot : sentiment, il semble complexe. En un mot je dirai, que les sentiments sont la composante de l’émotion. Le dictionnaire dit aussi que c’est une tendance affective durable ; liée à des émotions, des représentations, des sensations, à l’état qu’il en résulte. C’est aussi un état affectif d’origine moral.
Aujourd’hui je vous parlerai du sentiment affectif et du sentiment d’amour, très proche l’un de l’autre, sans lequel je ne peux vivre. Et pourquoi j’en suis autant tributaire.
Pourquoi ai-je un sentiment affectif ou amoureux à fleur de peau ? Je ne peux vivre sans et je suis de plus en plus triste par le monde qui m’entoure et qui de plus en plus est entrain de donner raison à la citation de George Orwell : Dans notre monde, il n’y aura plus de sentiments sauf la peur, la rage, le triomphe et l’auto humiliation. Tout le reste nous le détruirons, TOUT.
Même nos jeunes ne croient plus à ce beau sentiment, qu’est celui de l’amour. Se protègent-ils ? Dès notre toute petite enfance, il est indispensable pour grandir. Si vous n’avez pas été cajolé, vous aurez beaucoup de mal à aimer. Saviez-vous, que tout se joue avant 5 ans. C’est pendant cette période que l’humain installe inconsciemment ses prédispositions pour sa vie d’adulte. Souvent, je me pose la question : Comment serai-je devenue si pendant les premières années de mon enfance j’avais été câlinée, choyée, si j’avais été entourée d’amour et que je n’aurais pas vécu plusieurs abandons ? Certainement plus équilibrée et mes choix n’auraient pas été les mêmes.
Pour mieux comprendre, pourquoi toute ma vie, j’ai couru après ce sentiment d’amour et d’affection, je n’en serai jamais rassasiée. Revenons, sur ce qu’ont été mes premières années et ensuite mes choix.
Quand je suis née, aucun lit ne m’attendait chez mes parents. Je suis née à Paris en 1943, chez une sage-femme. Quand maman est sortie, aussitôt elle m’a confiée à des parents nourriciers : Monsieur et Madame Parent à Herblay, de braves gens, chez qui je devais être bien.
Maman venait me voir le dimanche, une fois par mois ma grand-mère l’accompagnait. Mon père je n’ai jamais su s’il me rendait visite, pourtant il vivait avec ma mère. Elle m’a raconté, que parfois j’allais chez elle mais assez rarement, elle me faisait dormir sur deux chaises mises bout à bout, appuyée contre le mur, sur lesquelles elle mettait une grosse couverture. Je n’ai jamais eu de lit chez elle, plusieurs années après quand je venais lui rendre visite avec ma grand-mère et qu’elle vivait seule, je couchais à leurs pieds.
Un dimanche qui n’a pas été comme les autres. Grand-mère ne supportant plus de voir que je commençais à m’attacher à mes parents nourriciers et à leur dire « papa et maman », sans aucune préparation sur un coup de tête, elle a décidé de me ramener chez elle et mettre mon grand-père devant le fait accompli, car il ne savait pas que j’existais. Je ne reverrai plus Monsieur et Madame Parent, sauf deux fois quand ils sont venus me voir et à la seconde fois, on leur a fait comprendre qu’il ne fallait pas qu’ils reviennent.
J’ai vécu 7 ans chez eux, j’ai grandi gentiment jusqu’au jour ou maman a refait sa vie et s’est mariée. Je n’ai jamais revu mon père, alors j’étais heureuse d’en avoir un nouveau, je m’entendais bien avec lui je pensais qu’ils allaient me reprendre pour vivre avec eux. Mais non, ils ont décidé de me mettre en pension chez les religieuses, je rentrerai chez eux le samedi en fin d’après-midi et je repartirai le lundi matin. Toutes les vacances scolaires, je les passais chez mes grands-parents, quelquefois en juillet je partais 3 semaines avec eux. Une banquette d’une personne, que l’on ouvrait dans la salle à manger me servait de lit. L’année de mon certificat d’études primaires, nous avons fait un essai de cohabitation pendant deux ans, cela ne s’est pas très bien passé, je suis donc repartie en pension jusqu’à mes 18 ans.
le château de Bry sur Marne ma seconde pension
A 19 ans, j’ai commencé à travailler comme sténodactylo et aide comptable, dans une grande entreprise d’électricité. J’habitais chez mes parents, ils avaient déménagé afin que je puisse avoir ma chambre. Mais les relations étaient toujours les mêmes. Je n’avais qu’une seule hâte partir et pour cela la seule solution à l’époque, me marier pour avoir ma liberté. Il n’était pas question de m’en aller sans avoir ce sésame. J’ai très vite rencontré mon premier mari. Je ne sortais pas, mais j’ai eu l’autorisation d’aller à un dîner organisé par le bureau d’études de ma société qui fêtait la fin des installations électriques dans le château de Versailles, nous étions dans les années 1960. Après le dîner, nous avons également visité les coulisses du château pour voir nos installations. Belle soirée, qui changera le cours de ma vie. Quelques mois après je me suis mariée et enfin « vive la liberté. » 14 mois après, l’arrivée de mon premier bébé
Un mariage heureux pendant 10 ans. Mais malheureusement un mariage programmé, pas vraiment un mariage d’amour.
Il y aura encore plusieurs autres abandons, de grandes périodes sans affection, de mauvais choix, une vie pas très heureuse dans l’ensemble. Pour arriver à 57 ans et avoir enfin une vie stable et équilibrée. Je suis convaincue que mes premières années d’abandons et de manque d’amour ont été déterminants pour le reste de ma vie. J’ai eu la chance malgré tout d’avoir du caractère, d’être une battante et de tout faire pour devenir la femme que je suis. Alors toutes les femmes qui comme moi ont eu un parcours chaotique, il ne faut jamais perdre espoir et prendre pour devise : Après la pluie, le beau temps revient toujours.