Ah ! Les douleurs d’arthrose, peu de personnes n’y échappent. Mais il y en a, de plus gâtées que d’autres. Je dois faire partie des mal chanceux. Rien n’y fait. pour soulager mes mains et mes réveils compliqués. Pour me lever et faire mes premiers pas, il y a des jours, où si vous étiez là, vous croiseriez dans le couloir un épouvantail échevelé déambulant droit comme un « i » en se tenant les reins et en avançant doucement comme une arrière - arrière grand-mère de 100 ans. Je prends des anti inflammatoires uniquement quand j’ai trop mal. Le matin tout rentre dans l’ordre environ ¼ d’heure après avoir marché un peu, je me dérouille comme dit mon spécialiste.
Je n’ai pas la prétention que toutes ces douleurs disparaissent avec une cure thermale ; il ne faut pas rêver, mais quelques soulagements seraient les bienvenus. Jusqu’à présent, je n’ai jamais franchi le cap des cures, tout simplement parce que l’hébergement et tout ce qui va avec est plutôt onéreux. Mais, depuis que j’habite à une trentaine de kilomètres d’une ville d’Eau, j’ai décidé d’essayer, petit mari accepte de me conduire et de m’attendre deux heures pendant mes soins. Alors, cette année je me lance dans cette nouvelle aventure.
Il y a déjà plusieurs mois, que je me suis inscrite aux Thermes Chevalley à Aix les Bains. C’est une ville d’eau depuis l’antiquité, bien évidemment avec des évolutions modernes à chaque époque. Les anciens thermes rénovés dans les années 1930, gardent leur décor Art Déco : entre autre le vestibule qui est resté intact comme le bâtiment de Pétriaux et les deux cabines de luxe en mosaïques de ces années là. Mais je ferai mes soins dans les nouveaux thermes des années 1970, qui se trouvent un peu plus haut sur la colline.
Le matin, avant d’entreprendre les soins, nous devons nous rendre chez un médecin rhumatologue pour qu’il nous fasse le protocole des 18 jours. Nous devons choisir parmi les huit que la liste nous propose, où des médecins généralistes agréés.
Pour moi, le premier jour arrive. Mon spécialiste, se trouve dans une belle demeure genre hôtel particulier comme il y en a beaucoup à Aix les Bains. Ne pas oublier l’essor des Cures d’eau au XIXème siècle, avec la construction de très beaux bâtiments et hôtels digne de recevoir les rois et les reines du monde entier.
Dès l'entrée, nous sommes transportés au 19ème siècle. « La Reine Victoria est passée par là » ? Une salle d'attente dans une ancienne salle à manger ou salon. Des pièces hautes de plafond, avec de belles moulures d'époque, un vieux lustre de Murano et des peintures murales fatiguées, le parquet en marqueterie est superbe et bien entretenu, Sur le pan d’un mur une armoire vitrée marquetée faisant fonction de vitrine pour assiettes de collection. Sur les murs, des peintures anciennes. Tout autour de la pièce, de nombreux fauteuils qui pour la plupart, n’ont certainement jamais été restaurés et sont toujours recouverts de leur soierie d’origine. Il y en a un, qui est particulièrement en très mauvais état. Une attente dans cette pièce hors du commun. Quand nous rentrons dans le cabinet du médecin, l’ambiance est la même tout ou presque est « dans son jus », le fauteuil dans lequel je prends place est rafistolé car lui aussi très usé. Un bureau écritoire à l’ancienne. Une balance et sa toise en bois des années 1930, sont là pour me peser et me mesurer, le poids correspondant à celui de chez moi sur ma balance électronique, en revanche la toise me donne 3 ou 4 centimètres de moins, mon Dieu, moi qui ne suis déjà pas grande, j‘ai pris un coup au moral, l’explication du docteur : « normal, vos vertèbres se sont tassées, oups ! Contrairement à tout cet environnement, mon spécialiste est vraiment du XXIème siècle, sympathique, charmant, consciencieux, très professionnel ; il me pose de nombreuses questions, mesure sans arrêt par ci, par là. Il me prend la tension avec un appareil qui gonfle à la main, Petit mari qui se trouve derrière moi, dit même que c’est avec une poire en caoutchouc. Une visite bien remplie, pour établir mon protocole pour les trois semaines à venir, je reverrai son assistante en milieu de cure et lui à la fin. Nous reprenons le bel escalier en bois aux marches de pierre recouvertes d’un semblant de tapis usagés. Afin de franchir les quelques marches, au pied de la rampe, court tout le long, une chaise électrique pour les personnes à mobilité réduite. Le seul engin avec l’ordinateur portable du praticien qui est de notre époque.
Nous nous retrouvons dans la rue encore sous le charme ancien atypique de l’endroit.
L’après midi, c’est une autre histoire. Les Thermes sont dans une belle batiste plus contemporaine qui se marie très bien avec les pavillons environnants. En sous-sol un parking pour les curistes moyennant 15 euros pour tout le séjour. Un hall d’accueil spacieux, avec plusieurs bureaux, trois ascenseurs, un grand escalier majestueux donnant sur les étages supérieurs dont on aperçoit le premier étage. Une boutique où l’on peut trouver maillots de bains et accessoires de curistes. Et de nombreux fauteuils dispersés dans le hall ainsi que deux guichets de réception, pour se faire enregistrer. Après être passé à l’accueil, une secrétaire nous appellera et nous conduira à son bureau pour compléter les détails administratifs et nous remettre un verre de curiste et un joli sac bleu, dans lequel nous pourrons mettre les choses indispensables pour nos soins.
L’ascenseur nous conduit au troisième étage où tout se déroulera. Après être passé au vestiaire pour confier nos vêtements on nous remet un portant avec un peignoir et une serviette, une fois déshabillé nous nous dirigerons vers le responsable qui nous indiquera les endroits où aller pour recevoir nos soins. Pour moi le premier soin, donc la première découverte : le bain de boue, Enrobée dans celle-ci à tous les endroits où j’ai mal, et enveloppée je mijoterai 14 minutes, seule dans une cabine au carrelage bleu et je passerai dans une douche à jets pour enlever ma pellicule de terre, suivie de tout petits jets pour « ravigoter » mon système sanguin.
Ensuite direction la salle pour les mains et les jambes « Manudouche». Deux rangées d’appareils, 6 pour les mains et autant pour les jambes qui diffuseront de la chaleur et des jets d’eau. Deux séances de 15 minutes.
Pendant ces deux expériences communes avec d’autres, soit nous lisons durant la pratique des jambes, ou nous regardons notre téléphone et accessoirement nous papotons, mais le premier jour, on n’a pas encore de copines de jeux. Et je terminerai par dix minutes de marche dans un couloir d’eau. Alors là, détente à la queue leu leu. Comme partout, il y a les pressés, ceux qui marchent correctement et s’arrête parfois devant les bouches qui projètent l’eau, ceux qui s’impatientent et préfèrent passer devant vous, car ils confondent « marathon et marche normale ».
Voilà, les deux heures sont écoulées, on retourne dans les cabines pour se rhabiller et rentrer chez nous. J’avoue qu’heureusement j’ai un chauffeur, car ce premier après-midi a été fatiguant. A 21h30 j’étais couchée.
Le second jour, je découvrirai d’autres soins comme le Berthollaix, dans un endroit très lumineux dans lequel se trouvent de jolies cabines séparées les unes des autres et chacune avec de jolies portes en verre décoré. A l’intérieur, un fauteuil « de ministre » parsemé de jets, une fois assis, on nous met un capot jusqu’au visage et nous voilà dans une boite où nous recevrons d’abord de la vapeur suivant notre choix, soit à 38 ou 40 degrés. Suivie subitement de jets d’eau jusqu’à la nuque. Là aussi, séance d’un quart d’heure.
Le Berthollaix XXIème siècle et celui du début du XXème siècle
Seconde découverte : la douche pénétrante et douche à jets. Un beau jeune homme « hydrothérapeute », m’accueille et me fait asseoir sur une table entourée de jets en me signalant de faire attention car l’assise glisse à cause des huiles de massage, il masse tout mon corps en commençant par les membres inférieurs et en terminant plus longuement dans le dos, ces massages sont alternés avec des jets d’eau, le tout allongé sur le ventre, la complication c’est de se mettre sur le ventre car la table de soin glisse drôlement. Et je terminerai par une séance de jets debout, en me tournant dans tous les sens pour effet de stimuler à nouveau mon système sanguin.
Troisième découverte : un solarium dans lequel sont installés plusieurs transats, sur l’un des quel je m’installe, on me recouvre les jambes et les cuisses de serviettes mouillée d’eau thermale froide et l’on bascule en arrière mon fauteuil. Et là aussi, pendant un quart d’heure, je me retrouve les jambes en l’air et je peux rêver ainsi détendue aux bienfaits que je vais en tirer.
Ce que je retirerai de ces deux premiers jours, un lieu de soins spacieux, agréable où en plus on peut se détendre et se déconnecter du monde réel. Quelques attentes entre les différents soins mais rien de désagréable.
C’est ainsi que les jours suivants, j’alternerai les soins des deux premiers jours auxquels à chaque fois je rajouterai ceux des mains et terminera avec le couloir de marche, ainsi de suite tous les jours sauf le dimanche. Voilà pour ceux et celles qui auraient l’envie d’essayer. Quant aux bienfaits, on en reparlera.
verre de cure 19ème siècle - verre de cure 21ème siècle
A bientôt