Ukraine, l'envers de la médaille !
Plus d'un mois s'est écoulé ! De moins en moins de nouvelles de nos ukrainiennes. Aux dernières nouvelles, Karina travaille 20 heures par semaine au MacDo du coin à l'arrière des salles, elle fait le ménage, récure, frotte, et ne parle pratiquement à personne, n'avance absolument pas dans l'apprentissage de notre langue. Le soir elle rentre très fatiguée. Alors que je lui avais donné tous les conseils nécessaires pour qu'elle progresse dans notre vie française. C'est comme elle n'a pas continué ses visites chez le vétérinaires. Les premières semaines je lui apportais son courrier et je traduisais avec elle. Jusqu'à cette dernière semaine, j'avais le lycée qui me téléphonait régulièrement pour lui transmettre les informations que je lui traduisais, maintenant ce dernier étant centre d'examen, l'école est finie ! Ma porte lui étant toujours ouverte, jamais elle n'est revenue. J'ai eu également d'autres retours de familles accueillantes comme nous. Toutes ont comme moi un goût amer sur ces échanges, qui en réalité n'ont été qu'éphémères. Pour nous un mois.
Au delà des frontières. La France est connue comme étant une terre d'accueil qui aide beaucoup les gens déplacés et comme partout, il y a les personnes qui reconnaissent ce que nous faisons pour eux et les autres ! Beaucoup ont pensé que notre pays était un Eldorado où l'on pouvait vivre facilement et toucher des indemnités. Mais aussi ce "beaucoup" n'ont pas voulu accepter nos lois nos coutûmes et saisir la chance qu'ils avaient de se retrouver dans notre pays et de profiter d'argent que nos propres compatriotes n'ont pas. Ils sont arrivés au pire moment de notre situation financière à tous. Toutes les promesses gouvernementales ont suivi très très lentement. Nous les familles d'accueil, nous savions qu'il allait falloir compter sur nous même, néanmoins nous pensions avoir une aide administrative par notre préfecture. A deux reprises j'ai eu besoin de téléphoner à ma préfecture à chaque fois il m'a été répondu : " regardez sur le site et débrouillez-vous ! Je savais depuis toujours que l'administration française était compliquée et longue. Avec cette expérience je confirme. En revanche dans chaque administration, de la ville moyenne dont j'appartiens, j'ai rencontré des intervenants sensibles et bienveillants pour me diriger où il fallait. Pour eux aussi, cela n'a pas été simple d'incorporer du jour au lendemain ces nouveaux arrivants à qui on a promis monts et merveilles.
Au bout de quelques semaines on s'est aperçu que les personnes arrivées chez nous, pour la plupart étaient arrivées avec leur voiture sans assurance !!! Ils avaient passé les frontières sans aucun contrôle, alors qu'encore 15 jours avant, tous les français qui devaient se rendre à l'étranger devaient fournir un PASS SANITAIRE ou un test COVID de moins de 78 heures. Eux sont arrivés sans ! Comme ils sont partis en catastrophe, certains n'ont pas pris les carnets de santé avec les vaccinations à jour de leurs enfants. Impossible de contacter le médecin qui les suivait, lui aussi a émigré.
En Ukraine ils n'ont pas les mêmes obligations que nous. Beaucoup de choses s'achètent à l'aide de bakchichs même dans les écoles pour avoir un bon professeur. Petit exemple, un jour elle est rentrée à la maison en me disant "comment faire pour faire refaire les dents de ma fille qui sont de travers", des amis ukrainiens que j'ai rencontrés m'ont dit qu'en France c'était gratuit !!! Déjà j'ai essayé de lui expliqer que les frais d'orthodonties sont effectivement pris en charge par la sécurité sociale et notre mutuelle quand on fait les démarches pour nos enfants entre 12 et 16 ans, tout en ayant une petite contibution parentale semestriellement. Je lui ai fait remarqué que sa fille avait dépassé l'âge limite qu'il faudrait qu'elle attente que sa situation financière soit stable pour le faire.
Parmi mes conseils, je lui avais dit de commencer à tenir un budget car les aides ne seraient pas éternelles et que la vie est chère surtout en ce moment. Que sa voiture un SUV pas de première jeunesse, allait devoir se chausser de pneux neige dès le 1er novembre (obligation dans notre département) et que les pneux ne sont ps donnés. Qu'elle essaie d'économiser ses déplacements, car pour un oui ou un non elle se rend à Chambéry plusieurs fois par semaine alors que cette ville est à 100 kilomètres aller et retour de chez nous. Le gazoil lui aussi est de plus en plus cher (à deux reprises, nous lui avons fait le plein). Tous ces petits détails, pour nous ne sont pas négligeables. Et j'en passe.
Nous avons appris d'autres soucis dans d'autres familles ayant accueilli des mamans avec de jeunes enfants. La violence sur les enfants est autorisée dans leur pays. A plusieurs reprises des voisins ont appelé la gendarmerie.
Alors, oui notre bon coeur, a été mis à dure épreuve auxquelle nous ne nous attendions pas, je ne regrette rien, mais il nous reste quelques interrogtions et je ne suis pas la seule à dire pareil, car ce n'est pas si simple que cela. Je pensais que nos relations s'enrichiraient au jour le jour, mais je me suis trompée. Nous habitons sur le même continent mais nous n'avons pas la même façon de vivre. Je pensais naïvement que quand nous arrivions dans un pays et que dès le début nous disions ne pas vouloir en repartir et nous y installer ; dès le début nous devions respecter les habitudes et les lois de ce pays, afin de nous intégrer plus facilement et surtout tout faire pour apprendre le français. A deux reprises elle a refusé les cours de Pôle emploi parce qu'ils n'étaient pas rénumérés et qu'à son âge c'était trop intensif.
Alors voyez-vous, j'aimerai avoir d'autres retours de famille ayant accueilli des déplacés d'Ukraines. N'hésitez pas à m'écrire en mode privée par l'intermédiaire de canalblog.