Deux expériences enrichissantes quand on regarde le positif
Dans les années 1990, quand je me suis inscrite au stage de remise à niveau. Il ne débute pas tout de suite, en attendant, il faut que je trouve un petit boulot pour faire bouillir la marmite. Je m'inscris dans un organisme d'aide à la personne. Je fais valoir mon aptitude à garder aussi de jeunes enfants. C'est ainsi, que l'on me propose un remplacement maternité de trois mois dans une famille bourgeoise de ma région.
Je dois entretenir une grande maison, tout en gardant deux jeunes enfants. La priorité ce sont les enfants, mais aussi, l'entretien quotidien et les repas, comme je le fais chez moi. A quelques jours de Noël, je me retrouve dans une belle maison moderne au coeur d'un joli petit village, entouré de forêts. La dame est avocate et son mari fait parti de l'équipe dirigeante d'une usine à quelques kilomètres de chez eux.
Deux jeunes enfants, un petit garçon que j'appellerai "Nicolas" et une adorable petite fille qui n'a pas tout à fait deux ans, au joli prénom de "Domitille". Les parents, des gens charmants. Je dois être chez eux vers 8h le matin avant le départ de la maman et je reste jusqu'à son retour le soir, sans heure définie.
Deux obligations, une fois par semaine, je dois emmener les enfants à la bibliothèque et une fois par semaine les laisser à la crèche garderie, pour que je puisse faire le ménage à fond dans le pavillon. La première obligation : la bibliothèque chaque semaine, une récréation pour moi. Quel plaisir de leur faire découvrir les livres et de leur lire des histoires ; une heure je vous assure de pur bonheur. Tout comme les balades journalières à la découverte de leur beau village en leur montrant la nature environnante.
En revanche la seconde obligation a des contraintes moins amusantes. Le sol du salon est recouvert de briquettes rouge, comme celles que l'on trouve sur les bords des cheminées. Je dois chaque semaine les laver, les frotter à genoux par terre. Je peux vous dire que plus d'une fois je pleure quand je suis seule dans la maison, la tache n'est pas facile, plutôt pénible car la pièce est grande. La position à genoux, me fait ressortir le pourquoi je suis là. Je sors de plusieurs années de dépression et je reste fragile.
Mis à part cette contrainte difficile et celle d'entretenir une salle de bains dans laquelle le sol est recouvert d'une épaisse moquette bleu océan. Le reste c'est comme chez moi. J'ai toujours aimé faire le ménage, préparer les repas des enfants, tout ça c'est ce que je fais depuis vingt cinq ans.
Je garde de cette expérience que le positif. La dame est avocate, elle reçoit de temps en temps des collègues et je dois préparer la table et même la chambre d'amis. Je peux vous dire, là, je me régale, je mets un soin particulier à dresser la table, vous le savez, c'est un de mes dadas les belles tables. Dans la chambre d'amis, je veille toujours pour qu'il ne manque ni fleurs, ni revues, ni gâteries.
Quelques jours après mon arrivée, c'est Noël. Le soir du réveillon avant de partir une belle boite de chocolats m'attend et le monsieur descend dans sa cave pour me remonter une bonne bouteille de vin. Des gens charmants, aux mêmes valeurs que les miennes qui donnent à leurs enfants la même éducation que celle que j'ai toujours donné aux miens. Elle, elle m'aide et me guide pour mon divorce. Lui, essaie de me trouver un emploi dans sa société. Quand mon remplacement se termine, le dernier jour, je découvre dans mon assiette, un petit écrin dans lequel il y a un joli petit scarabée sous forme de "pins" pour égayer un chemisier.
Ils ont changé de région, nos chemins se sont séparés, mais je garde de ces gens, un très bon souvenir et souvent, je me surprends à penser à eux. Domitille et Nicolas doivent être maintenant de jeunes adultes. Ainsi va la vie, Les gens passent et disparaissent de notre route, mais pas de notre coeur.
La seconde expérience est différente. J'ai les mêmes fonctions, deux enfants aussi à m'occuper et la maison à tenir. Elle, elle est ingénieur, lui, exploitant agricole dans une énorme ferme au milieu de nulle part. Je ne reste pas très longtemps chez eux. Ce sont aussi des gens charmants, mais très laxistes avec leurs enfants. Ils laissent monter leur fils de 4 ans sur la table pendant que nous déjeunons. Des réserves d'engrais chimiques sont à la portée des enfants. Quand le plus grand joue dehors, j'ai toujours peur qu'il tripote dans les sacs, quand j'ai le dos tourné.
Manouedith, n'a pas l'habitude de cette éducation. Un lundi, elle n'est pas revenue, car elle stresse trop avec tous ces dangers environnants. Ce sont pourtant des gens très sympathiques, gentils. mais Manouedith, n'est pas tranquille pour les enfants, sa responsabilité lui semble trop importante et elle ne peut pas la gérer.
Voyez-vous, c'est ainsi que se sont déroulées mes deux premières expériences enrichissantes dans ce domaine. Cela n'a pas toujours été facile, mais je ne regrette rien et j'ai fait de belles rencontres. Il faut savoir retrousser ses manches quand nous n'avons pas d'autres solutions. Tout cela pour dire quand on est courageux, il ne faut jamais désespérer.
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