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Manouedith et ses passions
4 mars 2016

Les Jardins de Verderonne au temps de Henri Cassoly

Ici, je vous ai déjà montré de beaux jardins. Je les aime autant que les châteaux. Dès que les beaux jours sont là, je me mets en chasse et je n'ai pas peur de parcourir des kilomètres, pour m'émerveiller devant de jolis endroits. Il y a des saisons plus propice que d'autres. Le printemps est la meilleure.

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Dans une autre de mes vies, quand j'habitais en Picardie ; près de chez moi il y avait un village "Verderonne", célèbre dans la région parce que Juliette Gréco y habitait. Mais pour moi, ce n'était pas Juliette qui m'intéressait. C'était plutôt les "communs" du château, comme on appelait à cette époque toutes les dépendances de châteaux. Justement dans  ce petit village, il y avait un château aux allures bien tristes.

00chateau de verderonne

Dominique Webb, y habitait, il avait l'ambition d'y créer son "château magique", il  donnait quelques spectacles dans le parc. Il paraîtrait qu'il avait trouvé dans les archives un vieux jeu de tarot du XVIIème siècle. Pendant longtemps, on pouvait voir de drôles d'engins accrochés dans les arbres. On le voyait souvent passer dans les villages voisins au volant d'une vieille voiture américaine qui ne passait pas inaperçu, en revanche les années où il a habité ce château ne sont pas restées mémorables. 

0 chateau magique Verderonne

Mais bien avant lui, plusieurs propriétaires se sont succédés. C'est en 1725 que le nouveau château se termine, c'est un descendant du propriétaire de l'ancien château Claude de l'Aubespine, qui a obtenu le marquisat de ses terres de Verderonne pour avoir été fidèle au roi pendant la Fronde.  Son descendant, le marquis Etienne Louis de Beaumont et de Verderonne porta ce château au sommet de son apogée en 1733. 

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Après lui, le château passe dans les mains du Comte d'Andlau et cette famille s'en sépare qu'en 1884. Le nouveau propriétaire banquier parisien l'achète et garde la totalité sans séparer : La baptiste par elle même de ses nombreux communs du XVIIème siècle : anciennes écuries, grange dans laquelle est caché un ravissant théâtre aux machineries du XVIIIème siècle, un colombier octogonale, une laiterie, un pédiluve pour les chevaux, des chenils et des serres hollandaises.

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Malheureusement bien vite tout ce domaine tombe en décrépitude, c'est à la fin des années 1960, qu'il connaîtra le plus bas de sa déchéance. Les communs furent vendus en plusieurs lots. En 1978, un Ophtalmologiste de l'hôpital de Creil, Henri Cassoly passionné de jardins et amoureux de la nature achète : La tour, la laiterie, le pédiluve, les serres hollandaises. Pendant des années il rénove l'ensemble ouvre ses portes aux amoureux de la nature et commence à organiser des expositions et des soirées culturelles dans le théâtre avec son ami Serge Bourguignon.

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Dès les années 1985, j'ai assisté régulièrement à des concerts et des pièces de théâtre dans ce jardin  classé jardin remarquable. J'y ai pris mes habitudes, souvent à la saison des roses, et des iris, l'après-midi j'allais me reposer et lire au bord de l'étang, pour un droit d'entrée modique, je passais de délicieux moments au calme et baigné par la beauté, bien loin de mes soucis de cette époque. Parfois, le propriétaire qui était toujours dans un de ses parterres, venait m'offrir une boisson et bavarder avec moi. Le plus beau de mes souvenirs, c'est quand il a organisé une exposition de fuchsias dan le colombier, dommage à cette époque je n'ai pas pu prendre de photos, mes pellicules n'étaient pas assez sensibles pour couvrir cet endroit très sombre.

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Monsieur Cassoly, nous a quitté. mais en fouillant sur Internet, j'ai pu voir, que les nouveaux propriétaires avaient réuni tout l'ensemble en créant le Domaine du château de Verderonne et qu'ils ont encore plein de projets pour le rendre encore plus beau. Ils ont 4 jolies chambres d'hôtes dont une suite dans les écuries et reçoivent séminaires et mariages dans leur belle propriété. Faire des photos d'un jour inoubliable dans les serres hollandaises et y recevoir ses amis doivent être des moments privilégiés. 

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Pour partager avec vous ce bel endroit, je vous ai concocté un beau diaporama, mettez le en grand et vous y serez presque..

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Saviez-vous, que la Picardie possède de nombreux jardins remarquables ? Allez les voir dès le mois de mai.

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19 février 2016

La Duchesse

 

Il y a dans la vie des gens ou des choses qui nous marquent à tout jamais. Je suis pourtant dans la dernière partie de ma vie et jamais cette maison ne s’est estompée de ma mémoire, au contraire elle s’y est inscrite comme un rêve, jamais exaucé. C’était celle de ma grande tante Aurélie et de son mari Georges. Un couple dont je vous parlerai un jour au destin particulier et différent de ceux de notre famille.

 Elle est située dans les faubourgs d'une belle ville impériale, tout près d'un haras. Avec un nom peu commun « La Duchesse », construite très certainement au milieu du XIXème siècle pour le grand-père de Georges, une famille de banquiers de père en fils.

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elle ressemblait beaucoup à celle-ci.

La première fois que je l’ai visitée, je devais avoir 12 ans. Je me souviens encore que je me suis dit, elle est drôlement belle, quand je serai grande, j’aimerai en avoir une comme celle-ci. Aurélie et Georges, en rentrant d’Indochine en 1954, l’ont complètement remaniée et dotée du confort du XXème siècle et même plus

 

98Aurélie vers 1930

Georges en 1916

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans chaque chambre, il y en avait 5, ils ont fait installer une douche et un lavabo ainsi qu’une grande salle de bains dans la leur. Pour moi qui me lavais dans la cuisine à l’époque, c’était vraiment le luxe incarné et le rêve. Leur chambre avait des allures de boudoir ; tapissée d’un joli rose moiré, pas de voilages à la fenêtre pour ne pas empêcher la nature de rentrer, comme ma grande tante disait. Mais en revanche des doubles rideaux étaient assortis  au dessus de lit  en toile de Jouy d’un rose plus soutenu (c’est à partir de là, que j‘ai découvert et aimé la toile de Jouy et je n’ai jamais changé, ma chambre actuelle en est pourvue).

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le sujet du tissu était exactement celui-ci.

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Notre chambre, il n'y avait pas de voilage jusqu'à dernièrement, pas pour laisser rentrer la nature puisque nous sommes sur la rue, mais parce que bébé Igor grimpait aux rideaux. 

 

Deux fauteuils de type confortable  habillés du même ton et pour moi la petite jeune fille coquette, je restais en admiration devant  la coiffeuse aux triples glaces, sur laquelle trônait des flacons de verre très jolis, desquels  s’échappaient d’agréables parfums. Au-dessus du lit, une peinture asiatique, représentant de dos une femme allongée sur un lit, habillée de son  Ao Daï blanc, elle semblait admirer le jardin par une fenêtre ouverte. Adossée au mur de la salle de bains, une armoire asiatique incrustée de laque.

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 Parmi les 5 chambres, il y en avait une dont la décoration n’avait pas beaucoup changée depuis la construction de la maison, mis à part les commodités d’une petite salle d’eau installée derrière un paravent chinois, un lavabo des années 1930 qui semblait être là depuis longtemps et dans le placard à côté une douche récemment installée). C’était la chambre des premiers propriétaires qui avait fait construire la maison, les murs étaient recouverts d’un papier fané, parsemé de bouquets de fleurs bleues, des meubles d’un autre temps et devant la fenêtre, une méridienne tout aussi fatiguée. J’étais surprise de voir cette pièce dans son jus qui faisait un drôle de contraste avec les autres pièces de la maison si élégamment agencée. Aurélie m’expliqua, que c’était celle où était né le père de Georges et lui même était né aussi dans cette pièce et que de son vivant, jamais elle ne changerait.

 

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Deux  autres chambres avaient été refaites pour mes cousines et la troisième aménagée en chambre d’amis, avec un lit à baldaquin immense, le tout en grande partie, meublé de meubles en bois exotiques rapportés de Saïgon. Toutes les chambres donnaient sur une galerie aménagée de fauteuils, de 2 petites tables juponnées, sur chacune d’elle trônait une lampe à l’abat jour assorti à la couleur des fauteuils. Dans un coin une table de jeux entourés de deux chaises capitonnées. Près de cette table, une porte était dissimulée dans le mur et donnait vers l’étage supérieur où se trouvait un grenier rempli de trésors. 

 

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On redescendait un large escalier et on arrivait dans un grand hall d’entrée très éclairé par la porte vitrée habillée de fer forgé, que mon grand-père avait faite dans les années 1930 et qui desservait une belle salle à manger aux meubles anciens, en face on trouvait un salon d’une grande superficie avec des boiseries aux couleurs miel qui recouvraient les murs avec 4 belles portes fenêtres donnant sur un parc arboré. Dans un coin de cette pièce, un grand piano, demi queue qui avait servi à la maman de Georges au début du vingtième siècle. Encore un meuble dont il n’était pas pensable de se séparer. Deux autres pièces, une, servant de bureau et l’autre de bibliothèque aménagée de grandes vitrines dans lesquelles on pouvait trouver tous les livres de la famille et beaucoup d’objets asiatiques. Une cuisine assez spacieuse et réaménagée entièrement aux goûts et au confort du XXème siècle, une arrière cuisine où se trouvait la machine à laver dernier cri, ce qui ne se trouvait pas encore dans tous les intérieurs à cette époque. Le mur du fond à gauche était habillé de placards jusqu’au plafond ; on y trouvait également tout le nécessaire pour repasser.

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Sur le côté de la maison donnant dans le hall,  un jardin d’hiver entièrement vitré de petits carreaux de toutes les couleurs. Dans lequel se trouvait un salon en rotin très « belle époque » tout autour de la pièces de jolies plantes digne d’une serre. Cette véranda comme on l’appellerait de nos jours avait été juxtaposée à la maison dans les années 1900.  Aurélie depuis son retour  l’avait aménagée avec beaucoup de goût, c’était la première fois que je voyais ce genre de pièce dans une maison. 

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En dessous de l’escalier du hall il y avait les toilettes et une porte qui descendait à la cave et à d’autres pièces dans lesquelles, personne n’allait, beaucoup de vieilles choses y était entreposées depuis des lustres. Cette jolie maison est entourée d’un parc d’environ 2000 m² entretenu par un jardinier ainsi qu’une dépendance aménagée de deux garages et d’une pièce pour ranger  tondeuse, et outils de jardin ainsi qu'un grenier au-dessus avec deux lucarnes.

 

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De nos jours, cette maison est encore habitée par ma petite cousine Françoise, son mari et son amie vietnamienne « Dung » arrivée en France avec eux en 1954. Nous ne nous fréquentons plus du tout, hormis quelques vœux de circonstances chaque année au 1er janvier. Ma petite cousine a eu un destin beaucoup plus agréable et surtout moins mouvementé que le mien ainsi qu’une enfance dorée, un jour, elle a décrété que nous n’étions pas du même monde et nos relations se sont estompées.

 

chinoiserie

 

Alors voyez-vous, cette maison m’a beaucoup marquée, toute ma vie ne pouvant avoir la même, je me suis inspirée de beaucoup de ses particularités, je pense que le bon goût et l’amour des belles chose, je les dois à ma grande tante Aurélie, qui toute sa vie a été une femme différente et très cultivée  et comme disait mon grand-père : « ma petite sœur a toujours été une privilégié ! ».

 

 

certaines photos ont été prises sur internet

 

13 novembre 2015

La dynastie

 

Aujourd’hui, je vais vous parler d’une dynastie provinciale. Bien souvent on pense qu’à notre époque il n'y en a plus, ou chez les riches. Moi, j’en connais une, qui depuis 100 ans s’évertue à exister  avec l’esprit de « clan » même profession de père en fils et filles et surtout même lieu d’habitation. A l'évocation du mot dynastie, on pense tout de suite à celles des feuilletons américains.

 

les dynasties

 

  

Il y a quelque temps,, je faisais la queue aux caisses dans une grande surface. Je n’avais pas fait attention aux personnes qui attendaient derrière moi. J’entends une voie dire : ah ! c’est Edith. Je me retourne, Je remarque une dame élégante accompagnée d’un jeune homme,  ils me semblent tous les deux inconnus, je me retourne et je lui dis : « on se connaît ». Mais oui, tu ne te souviens pas de moi ?, je suis Marie-France, la fille de Maître B... Ben non  ! je ne l’avais pas reconnue. Il faut dire que la dernière fois que nous nous étions vues nous avions 18 ans. Moi, je venais de quitter la pension et Elle, commençait ses études pour devenir notaire. C’est la seconde fois qu’une personne me reconnaît dans un super marché. Alors, dites-moi vraiment je n’ai pas  changé ? j’avoue que je m’interroge.

Edith de 2 a 72

En l’espace de quelques secondes, je me suis retrouvée dans mon enfance. L’étude de son père et de son grand-père et même de son arrière grand-père m’est revenue à la mémoire. Cette étude était celle de mes grands-parents, de mes arrières grands-parents et a été la mienne pendant longtemps. J’ai même travaillé ponctuellement pour eux quand je faisais des recherches généalogiques. Enfant, nous nous sommes côtoyées car mon grand-père ferronnier d’art, travaillait souvent  pour sa famille. Dans les années 1950, la mode était revenue au fer forgé. Il nous arrivait donc d’aller l’une chez l’autre. Ensuite, nous nous sommes perdues de vue car nos chemins se sont séparés. Nos vies n’étaient pas les mêmes. Mon avenir n’était pas tracé, mais le sien l’était.

notaire

 Quelques semaines après cette rencontre, nous sommes allés déjeuner chez elle lors d’une virée dans le Nord. Et là, pas de grandes surprises, tout semblait être resté à la même place. La propriété avait été construite dans les années 1920 par son aïeul. La maison familiale trônait au milieu d’un immense parc et l’entrée n’était pas la même que celle de l'étude.  Celle-ci,   se faisait par une rue différente,  à l’autre bout du parc, une autre rue donnait sur l’autre entrée. Mon grand-père disait toujours, Maître B. a su marier l’utile et l’agréable », deux maisons bourgeoises bien distinctes et bien séparées l’une de l’autre, mais aux mêmes aspect. Je ne suis pas souvent rentrée par l’entrée principale. Enfant, je me souviens, quand nous allions dans cette petite ville de province, nous aimions aller nous promener dans ce quartier, car il était celui « aux belles maisons » en un mot celui des notables de la ville. Toutes les maisons environnantes avaient autant d’allure que celle de Marie-France.

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Quand j’étais adolescente, le rez-de-chaussée était habité par ses grands-parents et son arrière grand-père, les deux premiers notaires de la famille. Marie-France et son petit frère Henri, occupaient le premier étage avec leurs parents. Elle ressemblait à celle-ci que j'ai prise sur Internet.

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l'entrée de l'étude ressemblait à celle-ci.

 

Elle m’a raconté, quand elle est, elle-même devenue Notaire, ses parents lui ont fait aménager l’appartement au-dessus de l’Etude. Elle s’est mariée avec le premier clerc de son père et ils n’eurent qu’une seule fille qui a embrassé la même profession et ils ont habités dans cet appartement jusqu’au décès des grands-parents. Et la hiérarchie a continué dans la grande maison. L’appartement de l’Etude est resté inoccupé pendant plusieurs années, jusqu’à ce que son frère se marie, mais très vite, il a fait construire une grande maison dans un autre endroit du parc, car très vite sa famille s’est agrandie.

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Les époux et épouses souvent venant de la même profession se sont associés.

Les affaires de cette étude provinciale ont beaucoup progressées. Au fil des années,  ils ont racheté d’autres études des environs et se sont partagés le travail, mais ils ont toujours vécus groupés dans la maison familiale et ses annexes. En 2014,  La relève est assurée. Sa petite fille « Caroline » vient de terminer son notariat et deux de ses neveux Vincent et Charles sont sur le même chemin. Jusqu’à présent tout le monde a réussi à continuer à habiter dans le même environnement. Caroline vient d'emménager dans un studio, toujours sur la propriété.

 

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J’avoue que son histoire m’a laissé dubitative. C’est presque parfait, je n’ai pas pu m’empêcher de lui demander  comment se déroulait cette cohabitation depuis sa création ?  D’après Elle, pas plus mal qu’ailleurs. Personne ne se marche sur les pieds, la propriété est assez grande pour que chacun puisse avoir son intimité. Deux règles imposées par l’arrière grand-père et qui ne semblent n’avoir jamais été transgressées ou très occasionnellement :

  1) Une fois que l’Etude est fermée, personne ne doit parler de travail à la maison, ni dans les réunions familiales. Cette règle a toujours été préservée et tenue, c’est arrivé qu’il y ait eu une ou deux fois un dérapage mais très vite la conversation  a pris fin et s’est continuée ailleurs que sous le toit familial.  

 

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2) Au travail personne ne doit faire ressentir qu’il est de la même famille et doit faire son travail comme s’il travaillait ailleurs. Et surtout pas de passe droit. Pour la petite anecdote, il parait qu’à chaque fois qu’un jeune rentre dans le système, il essaie d’enfreindre les règles mais bien vite il a compris les règles ancestrales de la maison. Régulièrement il y a des réunions qui déterminent qui fait quoi et le partage des affaires est respecté. Quand l’un à un problème particulier il en parle aux autres pendant ces réunions et tout le monde essaie de l’aider.

 

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Chapeau tout ça parait idyllique et cela donne l’envie  d’un bonheur familial comme celui là. C’est le rêve quand même et le plus beau dans l’histoire c’est que les conjoints sont bien rentrés dans le moule. 

Marie-France me disait aussi qu'en dehors du bureau, tout le monde fait ce qu’il veut et ils se reçoivent comme dans toutes les familles, ils gèrent tous ensemble la propriété qui a été mise en  société civile familiale.

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Quand je suis repartie, j’ai continué à me poser des questions, mais néanmoins j’en suis restée admirative. C’est vraiment un idéal parfait ! Une dynastie, une castre, un clan cela peut encore exister au XXIème siècle la preuve que oui, mais pour combien de temps ? 

 

les photos sauf une ont été prises sur Internet.

14 mai 2015

Charlotte de........ Mon amie de pension

 Parfois un rêve, réveille des souvenirs enfuis au plus profond de vous !

 

rêver

 

 Dernièrement, j’ai rêvé de mon amie de pension Charlotte. Le matin en me levant, j’ai décidé de faire un billet sur les vacances passées dans sa famille trois étés de suite. Il y avait longtemps que j’avais enfoui tous ces souvenirs et maintenant, ils me semblent si lointains. Après nos années d’abord à St. Germain en Laye, ensuite à Bry sur Marne, chacune de nous avons continué notre route et nos chemins se sont séparés, nos vies étaient tellement différentes. Je regrette de ne pas avoir de photos de cette époque là. Maintenant, un jeune qui part en vacances loin de chez lui, emporte soit un appareil photo ou un téléphone portable avec lequel il peut immortaliser les bons moments  de ses vacances.

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la propriété ressemblait à celle-ci 

 Charlotte de…. Etait ma confidente, ma grande amie, la sœur que je n’avais pas eue. Pendant plusieurs années nous avons tout partagé ; trois étés de suite, je suis allée passer 15 jours chez ses grands-parents avec Elle et ses deux soeurs dans un grand  relais  de chasse aux allures de château, aux portes de la Sologne.

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Elle avait une vie particulière et privilégiée par certains côtés. Elle était née, en Indochine comme on disait à cette époque. Son père était Officier Supérieur comme tous les hommes de sa famille depuis Napoléon. Elle avait passé toute son enfance à Saïgon et elle en gardait de merveilleux souvenirs qu'elle me racontait et je pense que c'est à cause d'Elle que j'ai aimé découvrir le Vietnam et l'Asie. En 1954, après Dien Bien Phu, ses parents rentrèrent en France et s’installèrent quelque temps en Sologne dans la propriété familiale jusqu’à la nouvelle affectation de son papa.

3officier 

Quand en 1955, ils repartirent vers d’autres cieux, ils décidèrent de laisser leurs filles en France afin qu’elles aient une vie plus stable et puissent suivre des études avec plus de facilité. C’est ainsi qu’ils décidèrent de mettre Charlotte chez les religieuses de St. Thomas de Villeneuve avec ses sœurs jumelles : Pauline et Louise  d’un an ses aînées. Chaque fin de semaine, elles rentraient chez leurs grands-parents à Paris où ils avaient un grand appartement Haussmannien  avenue Wagram.

avenue Wagram 

A l’époque, les religieuses de Saint Thomas de Villeneuve possédaient dans la région parisienne 2 grandes maisons bourgeoises « Chaville et St. Germain en Laye » et un château à Bry sur marne, tous transformés en pension pour jeunes filles de bonne famille. J’étais l’une des rares dont la famille n’était ni bourgeoise ni aristocratique, si j’avais atterri dans deux de ces établissements, c’était uniquement parce que ma tante était religieuse dans cette congrégation.

mosaîque brys sur marne

En 1956, Charlotte m’invita pour la première fois à passer les vacances chez ses grands-parents. Nous étions en septembre et je devais rester 15 jours. Je me souviens la première fois que j’ai découvert cette grande propriété avec des cachettes partout, je n’en revenais pas, j’avais déjà connu le château de St. Jouin quand j’y allais en colonie de vacances, mais là, c’était la maison de quelqu’un, pas une institution religieuse.

grande propriété

Quand j’ai découvert ma chambre, là aussi j’ai été émerveillée. Elle était  le double de celle que j’avais chez mes grands-parents, il y avait deux grands lits, une jolie commode ancienne au-dessus de laquelle trônait un miroir immense ; dans un coin   une cheminée en marbre rose, et à côté un  lavabo derrière un paravent, la salle de bains commune était sur le palier. A gauche du lit, s’ouvrait une porte qui donnait sur un cagibi éclairé par un œil de bœuf, et qui faisait office de dressing comme on dirait maintenant.

cheminee-ancienne

 La veille  de mon arrivée,  les deux cousins et la cousine de Charlotte,  Phlippe 10 ans, Marie, 9 ans et le petit Bertrand 4 ans étaient arrivés pour le dernier mois de vacances. Charlotte et ses sœurs étaient déjà là, depuis le début des vacances. Chaque année, les grands-parents recevaient tout l’été leurs enfants, leurs petits enfants ainsi que leurs neveux et nièces.  A cette époque, nous reprenions tous l’école le 1er octobre, nous avions donc trois mois de vacances.

 grande famille

Quand nous rentrions dans la propriété après avoir passé la grande grille, sur la gauche il y avait une maison de gardien occupée par un couple d’une cinquantaine d’années. Jacques, faisait office d’homme à tout faire et de jardinier, Jacqueline, son épouse était la cuisinière, mais aussi la femme de ménage et à l’occasion Sylvie, leur fille de 18 ans surveillait pendant les vacances les enfants des propriétaires.

 

maison de gardien

 

 elle nous faisaient déjeuner chaque midi et chaque soir, elle donnait le bain aux plus jeunes. Elle organisait régulièrement de supers jeux de piste parfois son frère en vacances chez eux, l’aidait à poser les indices dans toute la propriété. Dans la journée, nous faisions ce que nous voulions, à sept, nous trouvions toujours quelque chose à faire. Il y avait des balançoires, des agrès, une corde lisse (j’ai jamais été bonne pour monter à la corde). Il y avait également des vélos, certains semblaient d’un autre âge, il y en avait carrément un du début du XXème siècle tout noir et haut perché,  une vraie antiquité cet objet la.

 

vélo

 

Dans une des dépendances , une salle de jeux était aménagée, avec des jeux anciens que je ne connaissais pas comme la grenouille, les jeux de palets, un baby foot et même pour les adultes un billard. A l’extérieur un terrain de tennis un peu fatigué, mais qui reprenait du service pendant tout l’été, même les amis du village venaient  s’entraîner. Souvent l’après-midi Madame de…. Que j'appelais Simone (ses petits enfants l'appelaient bonne-maman), organisait des sorties dans les bois et nous faisait découvrir un tas de choses. Nous étions en septembre, le début des mûres . C’est la première fois que je découvrais la bruyère qui formait de jolis tapis de couleurs sous les arbres et qui éclairait les sous-bois. Ce château devait être un ancien relais de chasse, car dans l’entrée, nous étions accueillis par deux têtes de sangliers. C’était la seule chose que je n’aimais   pas.

 

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 Monsieur de….. semblait  moins accessible que son épouse, il s’enfermait souvent dans la bibliothèque. Lui aussi, ancien militaire de carrière, faisait un peu peur. Quand je suis arrivée, Jacqueline nous avait fait une grande tarte aux prunes, que nous avions partagée avec les grands-parents, ils m’ont tout de suite mis à l’aise en m’indiquant et en rappelant à tous leurs petits enfants quelques petites règles élémentaires pour eux, afin que notre séjour se déroule bien.

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 Monsieur de…. Nous a dit comme ça : Vous savez mes enfants, ici il y a du personnel, ils ont beaucoup à faire dans la grande maison, il faut donc  alléger leurs tâches comme vous le pouvez, ils ne sont pas à votre disposition. Ils ne rentreront jamais dans vos chambres, c’est donc à vous d’en prendre soin, tous les jours, vous n’oublierez pas de faire votre lit, de passer l’aspirateur au milieu de la semaine et la veille de votre départ et de ne pas oublier les poussières sur les meubles. Sinon, vous ne saurez plus faire quand vous rentrerez à la pension ; c’est vrai à St Germain en Laye, comme à Bry nous étions responsable de notre lit et de notre table et nous faisions la vaisselle par table, chacune notre tour .avec la maîtresse d’internat. Et une fois par semaine le jeudi matin, nous avions chacune de nous, un ménage attribué à une partie du château. Je me souviens, une année j'étais chargée avec 6 autres filles du parquet du parloir, un salon dans lequel nous allions quand nous avions une visite ou une réception. Nous mettions une paille de fer à notre pied droit et l'on frottait toute en avançant dans le même sens, ensuite une grande, balayait la poussière (pas d'aspirateur à l'époque) et ensuite on se remettait  toutes les six à côté l'une de l'autre et avec des patins on patinait ; le meilleur moment de la séance ménage, des glissages et des fous rire. Une autre année, j'étais chargée,  de balayer le grand escalier

faire le ménage 3

  Monsieur de... a continué, en précisant, toute la semaine sauf le samedi et le dimanche, vous mangerez avec Sylvie dans la cuisine, mais avant de repartir jouer, vous devrez l’aider à débarrasser la table et à laver la vaisselle. Le samedi et le dimanche, vous déjeunerez et vous dînerez avec nous dans la salle à manger, le soir vous vous changerez et vous arriverez à table après la douche, correctement habillés pour 19h30. Chaque soir à 22 heures vous descendrez nous dire bonsoir et vous irez vous couchez sagement dans vos chambres. Quand il s’est levé, Charlotte est montée avec moi pour m’aider à défaire ma valise, je me souviens, je venais d'avoir mes 13 ans, la veille et je me suis dit : oups ! C’est  l’armé ici.

 

laver la vaisselle

  Mis à part ces quelques mises au point militaire. Je repartais toujours ravie de mon séjour. je peux dire qu’à chaque fois, j’ai passé 15 jours de rêve. Monsieur de… nous a appris à faire un herbier, il nous emmenait dans les bois environnants et il nous apprenait les plantes, la botanique était sa passion. La première année, nous sommes d'abord allés en forêt pour cueillir des feuilles et des fleurs. En rentrant à la maison, nous avons répertorié, le tout en les mettant sécher dans de gros volumes reliés de l'Illustration sans oublier de noter la page dans laquelle nous les avions mis à sécher ainsi que le nom de la plante. Et l'année suivante à l'aide de notre répertoire ou tout était noté, nous les avons collés dans un cahier.  C'est une activité que des années plus tard j'ai repris avec les enfants plusieurs fois.

 

herbier de famille

 

. Simone, Madame de… était très gentille, douce, quand elle nous parlait c’était toujours gentiment sans nous donner d’ordre. Charlotte disait toujours : ma grand-mère c’est le gant de velours de mon grand-père. Elle nous apprenait à faire des tartes avec les fruits que nous rapportions. C’est Elle qui m’a appris à faire des sablés et à me servir d’un verre pour faire les formes ainsi que d’une  bouteille pour rouler la pâte.

 

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 Chaque année, les grands-parents arrivaient pour Pâques et repartaient à la Toussaint.  Quand Charlotte et ses soeurs étaient à la pension, le gardien venait les chercher chaque samedi midi et il les ramenait chaque lundi matin.  L’hiver, tout le monde rentrait avenue de Wagram. La propriété n’avait pas de chauffage central et c’était mieux ainsi.

 

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 Entrée du Parc Monceau XVIIème arrondissement de Paris

 Quand j’ai quitté la pension à mes 18 ans, et que je suis venue habiter chez mes parents à la porte d’Asnières, les deux premières années nous nous sommes revues souvent car nous habitions pas très loin l’une de l’autre et c’est quand elle est partie étudier en Angleterre que nous avons commencé à nous perdre de vue, ensuite je me suis mariée et mes parents sont  partis habiter en banlieue. Monsieur et Madame de….  Eux aussi ont quitté le 17ème arrondissement.

 

perdue de vue

 Quelques années plus tard, quand Internet s’est développé, j’ai essayé  de retrouver mon amie Charlotte par l’intermédiaire de « Copains d’avant » et là, j’ai retrouvé une autre interne de Bry qui m’a appris qu’elle était décédée dans un accident de voiture avec l’une de ses sœurs en  1970. J’avoue, j’ai été très peinée. J’ai réalisé à ce moment là, que notre lien était définitivement coupé.  Ma vie compliquée de l’époque a pris le dessus, je n’ai plus pensé à Elle, il a fallu ce rêve pour que tout un pan de ma vie remonte à la surface et me donne l’envie d’en parler. Bizarre quand même les rêves ! Pourquoi le subconscient travaille-t-il autant la nuit et vous fait revivre des évènements enfouis au plus profond de vous-même, aussi longtemps après ?

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12 septembre 2014

Les Interrogations de la Vie

 

Une des internautes que je visite régulièrement a fait cette semaine un billet ou Elle s'interroge pour savoir si Elle est passée à côté de sa vie ? C'est souvent quand nous arrivons entre 60 et 70 ans que nous nous posons cette question. On devrait pouvoir avoir une seconde chance.

 

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Je pense que la façon dont on vit certains évènements dans son enfance est souvent liée aux choix que nous faisons par la suite. Mais là, est toute la question : Faisons-nous les bons choix, ? car inévitablement ils influent sur notre vie entière.

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Par exemple, je suis certaine que si j'avais eu une enfance différente, entourée d'amour et d'affection par une maman et un papa autre, mes choix n'auraient pas été les mêmes. Ma sensibilité n'aurait pas été pareille.

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Je l'ai déjà raconté. Dès ma naissance, j'ai été rejetée. Plusieurs fois dans mon enfance, j'ai été abandonnée, brinqueballée à droite à gauche. Ce qui a fait que toute ma vie, j'ai couru après l'amour, l'affection des autres. J'en ai fait ma priorité.  Je voulais donner et recevoir de l'amour, ce qui explique la vie compliquée que j'ai eue.

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Alors, oui en quelque sorte, je suis passée à côté de ma vie. Dès 15 ans, je voulais me marier  avoir au moins 4 enfants, ne pas travailler et  élever mes enfants en leur donnant une qualité de vie différente à la vie que je pourrais leur donner si je travaillais. (Pour celles qui liront ce billet, je précise que nous étions dans les années 1960/70).

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Je reste convaincue, que tout se joue dans notre enfance. Un foyer équilibré avec une stabilité, entourée de parents qui nous protègent. Un foyer dans lequel nous nous trouvons à l'abri tout en ayant des règles à respecter et des barrières à ne pas franchir. Tel était à cette époque mon objectif. C'est exactement ce que j'ai fait. Sauf qu'avec le recul du temps, je me suis rendu-compte que je me suis oubliée. Je suis passée à côté de beaucoup de choses. Je n'ai pas fait de grandes études, je ne me suis pas réalisée dans une vie professionnelle. Je n'ai pas tenu compte de ce que j'aurais aimé faire.

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Je ne regrette rien, mais j'avoue m'être laissée "bouffer" par les sentiments et l'amour que l'on ne m'avait pas donnés. Effectivement je suis passée à côté de ma vie. Alors si je peux donner un conseil : allez jusqu'au bout de vos rêves et donner à vos sentiments la place qu'ils doivent avoir. 

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18 avril 2014

Meubles et objets ont une histoire, sachez les faire parler.

Aujourd'hui, je vais faire parler meubles et objets qui m'entourent. Vous le savez, beaucoup d'entre eux appartenaient à différents membres de ma famille et certains font l'objet d'un souvenir particulier. C'est aussi pour cela que je les aime tant.


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J'ai environ 5 ans, à côté du jardin de mes grands parents se trouve une jolie petite maison, occupée par une vieille dame que j'appelle "Mély". Elle vit seule et ses enfants habitent une ville voisine,  ils ne viennent que le dimanche. Ils ont chargé ma grand-mère de surveiller chaque matin les volets de la maison de leur maman pour voir s'il n'y a pas eu de problèmes la nuit. Chaque matin, ma grand-mère m'envoie dire bonjour à Mély. Je frappe à sa porte, j'entre et avec le naturel et la candeur de la petite fille que je suis, je crie : "Bonjour Mély, je viens voir si tu n'es pas morte !". En souvenir de ces moments délicieux de mon enfance "Irène, sa fille" m'a offert quand je me suis mariée un service à dessert assez banal, mais tellement riche à mes yeux. A chaque fois que je regarde ces assiettes, c'est à Mély que je pense.  

 

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Vers 1930, mon grand-père fait ses factures sur cette étrange machine à écrire "Mignon", elle a toujours été sur son bureau. Dans les années 1950, c'est moi qui joue avec, c'est très amusant pour la petite fille que je suis. Elle n'a pas de clavier, on déplace manuellement un stylet sur un alphabet numérique  relié à un cylindre et l'on clique sur une touche, la lettre voulue tape sur le ruban et s'imprime sur la feuille de papier. Je suis certaine que ma vocation de secrétaire me vient de cette machine. 

 

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Une autre machine à écrire est à l'honneur dans une autre pièce de la maison.

Mes grands-parents louent quelques chambres chaque année aux saisonniers de la campagne sucrière du nord de la France. Quand le 1er janvier, les chauffeurs repartent ; en payant leur chambre, ils n'oublient pas de laisser un petit billet pour "la petite". Pas question de le dépenser. Ma grand-mère le met sur mon livret. Au fil des années ces petits billets se multiplient.  A 16 ans, je souhaite m'acheter une machine à écrire. Mon cousin Paul complète la somme et se la procure d'occasion à la secrétaire du Général de Gaule. Cette magnifique "Royal de luxe" sert depuis des années à taper toute la correspondance  du Général quand il est en déplacement. Impressionnant quand même.

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Ce fauteuil Voltaire offert à  mes grands parents en 1917 pour leur mariage, par l'oncle tapissier de Bordeaux, je ne l'ai jamais vu autrement qu'éventré et servant pour la chatte  quand elle a  ses petits. La première chose que je fais quand on me le donne avec son semblable, c'est de le faire refaire. Depuis plus de cinquante ans tous les deux ont été refaits plusieurs fois au gré de mes goûts et de mes intérieurs.

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Ma grand-mère, n'est pas coquette ; elle ne se met sur le visage qu'une crème de jour et rien d'autre, sauf qu'elle n'oublie jamais de se parfumer. Quand j'hérite de sa chambre à coucher, je trouve ce flacon à moitié rempli " Soir de Paris" de chez Bourgeois. Dans ma maison, je reconstitue sa chambre à coucher avec ses meubles et je n'oublie pas de faire, trôner sur la coiffeuse son eau de cologne préférée avec quelques objets qui lui sont personnels.

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Il est difficile de faire comprendre à nos jeunes enfants, que quand j'étais petite, la télévision et les ordinateurs n'existent pas. Il faut occuper nos soirées d'hiver autrement. Grand-père joue de la mandoline. Son beau-frère italien, lui offre celle-ci. Je ne sais pas pourquoi, il ne l'aime pas. Il préfère celle qu'il se fabrique dans de vieux bidons laissés par les allemands en 1945.

 

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Maman, habite Paris, elle vient voir mes grands-parents régulièrement, à chaque fois elle  apporte des partitions des chansons modernes de l'époque, pour que grand-père s'entraine avec sa mandoline et pour que grand-mère l'accompagne. Alors je peux vous dire, que Petit papa Noël de Tino Rossi, Étoile des Neiges, Les escaliers de la butte de Cora Vaucaire bercent mes jeunes années.

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Il y a aussi, ce vieux poste de radio à lampes, où chaque soir,  la famille assise autour de la table de la cuisine, écoute le célèbre feuilleton : "La famille Duraton". C'est certainement pour cela que j'aime toujours autant les feuilletons télévisés. 

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Dans l'atelier de ferronnerie de grand-père, il y a une comtoise. Elle appartient à son beau-père qui la reçoit à son mariage en 1894.  A la fin de sa vie quand il revient vivre chez sa fille et son gendre, celle-ci, atterrît dans l'atelier, près de la forge, tantôt à la chaleur, tantôt à l'humidité, ce qui ne lui fait pas de bien ; sa carcasse en pin s'abîme beaucoup ; néanmoins plus tard, elle orne et elle fonctionne dans mes différentes salle à manger, jusqu'au jour ou  trop abîmée, elle prend place sur le secrétaire du palier. Chaque jour, quand je sors de ma salle de bains , je lui jette un coup d'oeil et je regrette qu'elle se soit arrêter définitivement.

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Dans la chambre de mes grands-parents, il y a un coffre-fort. Souvent ma grand-mère l'ouvre devant moi, pour me faire admirer sa jolie montre en or qu'elle a reçue pour ses 20 ans et dont elle ne se sert plus depuis bien longtemps. Il y a également son collier d'ambre que j'ai toujours et que je mets encore. Dans un  coffre en bois fleuri venant de Nice,  protégés dans une pochette en cuir, trois louis d'or de l'époque de Napoléon III  précieusement conservés  pour que je les transmettre à mes enfants. Ma grand-mère m'a toujours appris qu'il fallait savoir transmettre certains objets pour qu'ils restent dans les familles et qu'ils fassent revivre ceux qui les ont possédés. 

 

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Je suis certaine que vous allez être étonnés, que toute ma vie j'ai gardé précieusement ces objets. "Il y a de tout dans nos vastes magasins !"

 

 

Alors voyez-vous à travers ces objets, je vous ai raconté leur histoire. Ne croyez pas que je ne vis qu'avec le passé. Non j'aime, le passé, le présent et l'avenir. Dans chaque époque on peut tirer des leçons sans avoir à dire : "C'était mieux avant". En revanche, je suis très attachée aux différents patrimoines, qu'il soit aussi bien matériel, que culturel.

19 octobre 2012

Hommage à Papy Joseph et Mamy Helmer

Je vous ai déjà confié des instants de ma vie et je vous ai également raconté l'enfance de la petite fille que j'étais ; une enfance pas comme les autres. C'est pour cela que ces moments me sont précieux. 

 

En 1951, la petite fille que je suis, vit chez ses grands-parents maternels  depuis 6 ans, entourée de l'affection de "pépère et mémère", ceux qui ont le plus comptés  dans son enfance ; mais elle ne sait pas encore que cette année là, le mariage de sa maman va lui apporter de nouveaux grands-parents : "Papy Joseph et Mamy Marguerite", les parents de son nouveau papa.

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 Papy Joseph et Mamy Marguerite habitent à Paris dans le quatorzième arrondissement. Pendant la guerre, Papy est prisonnier en Allemagne, il rentre longtemps après les autres. Avant de retrouver Mamy et ses deux fils, il doit faire un stage dans une grand hôpital parisien car de son séjour obligé en Poméranie il revient  les deux pieds gelés, on est obligé de lui couper tous les doigts de pied. Il ne parlera jamais de son séjour là-bas.

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Je me souviens, il est grand avec une petite moustache et quand il prend la pose pour une photo avec sa femme, Mamy paraît toute petite. Il travaille comme veilleur de nuit aux Grands Moulins de Paris. Ce sont des gens simples avec un cœur énorme.

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Mamy Marguerite, est originaire d'un village de la Sarthe, vous savez, celui où l'on voit les poulets fermiers courir dans la nature : "Loué". Depuis son mariage, elle habite avec papy Joseph dans un tout petit appartement sans beaucoup de confort, ils n'ont que deux pièces et une minuscule cuisine. Ils n'ont jamais déménagé et ils ont élevé leur deux garçons dans cet appartement lilliputien. La maman de Mamy habite au 1er étage une seule pièce avec une cuisine ; inutile de vous dire que les commodités sont partagées par tous les habitants et ils se trouvent à chaque demi-étage ; pas de salle de bain, tout le monde fait sa toilette dans la cuisine. L'hiver, une cuisinière à charbon que l'on alimente plusieurs fois par jour en descendant 4 étages pour aller remplir les seaux.

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Malgré tout, ils ont une maison dans la Sarthe à Chemiré en Charnie pas très grande non plus, sans beaucoup plus de confort. Papy Joseph a même récupéré une chapelle de cimetière pour abriter les WC au fond du jardin. Ils y passent leurs vacances et à la retraite, ils partent chaque année à Pâques et ils reviennent à la Toussaint.

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Je garde un souvenir plein d'amour et de chaleur de ce papy et de cette mamy. Très généreux, avec le peu de moyens qu'ils ont. Pour eux en 1950 cela n'est certainement pas facile d'accepter une belle fille avec une petite fille de 7 ans ; c'est très rare à cette époque. Jamais, ils ne  montrent une différence avec leurs vrais petits enfants qui naîtront deux ans plus tard. La seule personne qui me fait ressentir que je ne suis pas la vraie petite fille, c'est l'épouse de mon oncle. Ce n'est pas grave, j'aime cette nouvelle famille.

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Je me souviens du merveilleux cadeau qu'ils me font pour mes 9 ans : une jolie montre, je l'ai toujours, je la conserve précieusement dans un de mes tiroirs, elle n'indique plus l'heure depuis longtemps, mais elle est pour moi la preuve de leur affection.

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L'année de mes 13 ans, je ne rejoins pas la pension; Pendant deux ans je reste avec mes parents, malheureusement cela ne se passe pas très bien avec maman et je regagne l'internat après mon certificat d'études. Mais en revanche, j'aime me souvenir des jeudis que je passe chez papy et mamy. J'arrive toute seule, je prends l'autobus à la place de la République vers 10h30, je traverse tout Paris souvent en restant debout à l'arrière sur la plate forme. Parfois mamy m'attend à l'arrêt Mouton Duverney. Le rituel, de l'après-midi est souvent le même, nous allons nous promener sur l'avenue d'Orléans et nous faisons un tour au Prisunic et au Monoprix. Quand nous rentrons, c'est cours de broderie ou de tricot. Mamy me donne la passion du point tige, du point gribiche, et des autres. 

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j'en ai retrouvé quelques uns.

Chez Elle, derrière la porte de la chambre, il y a une commode dans laquelle il y a toujours un napperon, un porte serviette et des pelotes de laine qui attendent ainsi qu'une multitude de tresses de toutes les couleurs avec du coton DMC. Le soir quand mes parents rentrent du travail, nous dînons et ensuite nous repartons chez nous en empruntant un des derniers métros.

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Il y a aussi un dimanche ou deux par mois, ou mon oncle vient avec sa famille et où nous déjeunons tous ensemble rue du Château. L'hiver, c'est de longues parties de monopoly et parfois de belotes entre grands. L'été, tout le monde prend le train à la gare Montparnasse et nous allons pique niquer dans les bois de Chaville surtout au moment du 1er mai. Des dimanches simples dont je garde un bon souvenir.

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Mamy a élevé un des fils de son frère "Mimi" mon cousin, nous sommes du même âge. Il vient souvent passer les jeudis avec moi et surtout les grandes vacances quand nous allons à Chemiré en Charnie. Je nous revois dans la salle commune, il y a deux lits anciens qui sont face à face et recouverts de gros édredons en plumes, la porte donne sur la rue du village, elle est curieuse la porte, quand on ouvre le battant du haut on voit les quelques voitures qui passent mais surtout on voit notre ami "Marcel Touchard" qui habite en face.

 

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maman devant la porte ancienne.

Chaque soir, nous allons chercher du lait à la ferme de la "Mère Ravari" elle nous apprend à traire les vaches. La ferme, n'est pas tout à fait à côté, il faut cheminer à travers les champs en cueillant des noisettes et en chantant.

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Maman, moi, mimi, Madame Ravari et devant sa petite fille Janique

Il y a aussi les balades en vélo tous ensemble jusque "Loué". Papa en tête et maman fermant la file. Tout le monde s'arrête avant de traverser la route nationale. Certains jours nous allons à la pêche dans la rivière en bas du village sur la route de Sillé le Guillaume. Il faut faire attention dans les haies qui entourent les pâtures parfois il y a des vipères ou des couleuvres.

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Le dimanche j'entraîne "Mimi" à la Messe, je ne dois pas manquer mon devoir dominical je dois même faire signer une carte qui prouve ma présence à l'église surtout l'année de ma première communion. Etant donné que je vais dans une école religieuse c'est une obligation.

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De joyeux moments qui agrémentent mon enfance et qui rendent un peu plus facile les durs moments de séparation le reste de l'année.


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Papy Joseph, nous a quitté en 1973, mamy Marguerite en 1994. Je peux dire très sincèrement qu'ils m'ont beaucoup donné et que je les ai beaucoup aimé.

 

 

19 mars 2011

St. Thomas de Villeneuve - Mon enfance

La petite fille, dont je vous ai parlé la dernière fois, a une année pour se faire à l'idée du pensionnat avant de faire connaissance avec la vie en communauté. Une année d'anxiété en se demandant comment c'était "ailleurs" que chez ses grands-parents ; l'idée d'être arrachée pour la seconde fois aux personnes qu'elle aime, lui fait beaucoup de mal.

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La fin du mois de septembre 1952 arrive vite. Elle se retrouve à Paris chez ses parents pour aller acheter le trousseau qu'il lui faut pour l'internat. Sa maman, aime les vêtements de qualité ; la petite fille lui a toujours reproché son manque d'affection, mais elle n'a jamais manqué de rien d'autre...

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mis à part la collerette petit bateau, l'uniforme ressemblait à ça.

Sa grand-mère, a déjà cousu sur tout son linge le numéro 97, qui lui permettra de retrouver ses affaires parmi celles des autres internes. Elle a choisi dans le service de table de ses grands-parents les assiettes, les couverts qu'elle emportera ; comme cela elle se sentira moins loin d'eux.

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Je suis conservatrice, j'ai retrouvé un porte serviette , des assiettes et des couverts de cette époque !

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Mais il reste à acheter l'essentiel : "l'uniforme bleu marine" manteau, jupe plissée, pulls, chaussures, corsages blancs, socquettes et chaussettes blanches. Pour cela, c'est dans un grand magasin parisien réputé pour sa qualité et pour la confection des uniformes : "La Belle Jardinière"  qu'elles iront.

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Le concept de ce magasin fondé à la fin du XIXème siècle, propose de la confection fine et en série. Les établissements scolaires y font faire leurs uniformes comme entre autre le collège Stanislas renommé à Paris. La Belle jardinière cesse son activité en 1970.

 

A la pension, elle recevra un magnifique beret bleu-marine aux armes de la ville de St. Germain en Laye, qui représente le berceau de naissance de Louis XIV

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Je regrette tellement de ne pas avoir conservé ce béret.

 

La petite fille, ne rentre pas dans n'importe quel pensionnat. Le sien a une histoire. Les premières religieuses de l'Institution St. Thomas de Villeneuve s'y installent en 1698. Au XVIIIème siècle on l'appelait "le Très noble pensionnat de la Reine". En 1700, il accueille les jeunes irlandaises et écossaises exilées avec Jacques II Stuart. C'est le premier établissement de la congrégation qui ne correspond pas tout à fait au désir du fondateur le Père Ange Pierre le Proust, qui voulait qu'il se consacre uniquement au service des pauvres.

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Il est né à Chatellerault en 1624. Il rentre ches les Augustins à Poitiers en 1640 y étudie la philosophie et la théologie. Il voue une grande admiration à Thomas de Villeneuve  évêque espagnol aux vertus religieuses et le prend pour modèle. Il est ordonné prêtre en 1649.

 

Mais pouvait-on résister au Roi Soleil ?

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 Malgré tout, pour sauver les apparences, afin de correspondre au souhait du fondateur très rapidement une petite école s'ouvre et accueille des orphelines pauvres.

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Malheureusement la révolution met un point final à la 1ère période de la maison de St. Thomas de Villeneuve de St. Germain en Laye. Elle rouvre ses portes pour la seconde période en 1808, elle n'acueille plus les filles de Roi, c'est le siècle du Grand Pensionnat. Les enfants bourgeois ont remplacé les filles nobles et ensuite les filles de familles aisées. A l'époque ou les filles apprennent la couture, la musique et les bonnes manières, il y a dans cette école un professeur de mathématique, des cours de philosophie et de sciences y sont donnés.

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Au moment de la séparation de l'église et de l'état, le pensionnat s'exile en Angleterre, seules restent les orphelines qui vont en classe à l'extérieur. Ce n'est qu'en 1941, que les enfants reviennent et que les soeurs ont à nouveau l'autorisation d'enseigner. L'école n'est plus le Pensionnat de la Reine, ni le Grand Pensionnat. A l'époque ou la petite fille y rentre il est une école et un collège d'enseignement général privé. Au XXIème siècle l'école existe toujours et c'est aussi un établissement supérieur privé ou les religieuses n'enseignent plus, mais ou la direction de la maison est encore tenue par un petit groupe de religieuses.

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La petite fille devenue grand-mère est repassée il y a quelques années à St. Germain en Laye et elle est allée rendre visite aux religieuses, elle est montée dans son dortoir transformé en plusieurs sales de classes, elle a reconnu l'endroit ou était son lit à cause des colonnes qu'il y avait dans la pièce.

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Les années passées à l'Institution Saint Thomas de Villeneuve à Saint Germain en Laye sont malgré tout de bons souvenirs. J'aime me rappeler les longues promenades en uniforme des jeudis après-midi dans le parc du château, où depuis la Terrasse on peut admirer l'ouest parisien.

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Je vais partager avec vous, un autre moment émouvant de mon passage dans cet établissement. Le jour de ma Profession de Foi le 4 juin 1954.

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La supérieure s'appelait "Mère Saint Maurice"

Le matin, avant  la cérémonie, les religieuses avaient réunis toutes les communiantes dans le grand parloir divisé en deux, d'un côté se trouvaient les petite filles agenouillées et de l'autre les parents. Elles ont ouvert la porte du milieu et tout le monde a écouté la prière qu'elles adressaient à leur famille pour demander pardon des petites fautes qu'elle avaient pu commettre. Cet instant émouvant 57 ans après je m'en souviens comme si c'était aujourd'hui.

 

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 Chateau de Bry sur Marne fréquenté entre 1957 et 1960

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Je n'étais pas avec mes parents chaque jour, il me manquait l'essentiel "le baiser du soir". Mais j'avoue que cette vie m'a apporté une solide et bonne éducation et m'a armée pour affronter la suite et je remercie toutes ces religieuses qui sont passées dans ma vie soit à Saint Germain en Laye ou a Bry sur Marne car grâce à Elles j'ai pu inculquer à mes enfants les vraies valeurs de la vie.

 

 

20 janvier 2011

Madeleine Castaing

Quand j'étais enfant, en face de chez mes grands-parents, il y avait une jolie propriété genre manoir , les occupantes de l'époque, deux vieilles filles  laissaient le parc ouvert et les dépendances pour  que les enfants du quartier puissent y jouer, nous étions dans une petite ville et la verdure dans la rue de Montdidier il n'y en avait pas beaucoup.

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Un terrain de jeu incroyable pour nous, des cachettes et des dépendances qu'il ne peut y avoir que dans les grandes maisons. Je devais avoir 8 ans, je me souviens je lisais les "Petites Filles Modèles" et je m'identifiais à Sophie à qui il arrivait toujours des choses extraordinaires dans une belle maison. 

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je pense que le goût des belles maisons a commencé par celle-ci. Je disais à ma grand-mère : quand je serai grande j'achèterai cette maison.

 

Un jour, elle m'a répondu, tu sais quand j'étais petite, j'avais une amie de mon âge "Madeleine" qui passait souvent devant une belle maison abandonnée avec un jardin aux herbes folles ; Comme toi, elle en était tombée amoureuse et elle s'était jurée qu'un jour elle lui appartiendrait. Quand elle a eu 15 ans, elle a rencontré son futur mari "Marcellin Castaing" qui avait 20 ans de plus qu'elle et qui était riche. Quelques années après son mariage, elle a voulu lui montrer cette maison qui l'avait tellement fait rêver. Celle-ci était toujours à l'abandon. Pour lui faire plaisir il l'a achetée. Alors vois-tu ce qu'il te restera à faire : trouver un mari riche.

 

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à Lèves près de Chartres

 

C'était dans les années 1920, Marcellin et Madeleine la gardèrent jusqu'à la guerre. Pour des raisons financières ils la revendire, ce jour là, Madeleine en a beaucoup voulu à son mari et a décidé à son tour de travailler pour un jour la racheter, ce qu'elle a pu faire quelques années après la guerre.  L'histoire pourrait s'arrêter là. Ma grand-mère a perdu de vue son amie après son mariage et n'a jamais su qui elle était devenue.

 

Parmi mes très jolis livres de déco j'en ai un "l'Esprit des lieux" ou l'on peut découvrir de jolis intérieurs de personnes célèbres. A la dernière présentation, je tombe sur celle de la plus grande décoratrice de la seconde partie du xxème siècle à la fois antiquaire, collectionneuse, mais d'une excentricité incroyable.

 

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jolie femme me direz-vous, eh ! bien après quelques recherches suite à l'histoire que l'on racontait au début de la présentation j'étais à peu près certaine qu'elle était l'amie d'enfance de ma grand-mère. J'ai voulu en savoir plus j'ai acheté sa biographie et je l'ai dévoré en un dimanche, je vous assure je me suis régalée et bien amusée. La femme célèbre qu'elle était devenue s'appelait :

 

Madeleine Castaing. 

 

un personnage à elle toute seule à la foi fantasque et romanesque. Elle a été à l'origine de la première boutique de déco en France. Dès 1942, elle crée des mises en scène comme dans sa maison, la boutique dans laquelle elle vit ce n'est qu'un simple lieu où sont entassé des objets tout y est organisé poétiquement, de façon à ce que le mélange des genres et des époques parvienne à faire vibrer l'atmosphère.

 

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son nom est associé au bleu turquoise, aux rayures bayadères (du reste les tissus et motifs "Castaing" sont encore édités de nos jours) aux sièges gaînées de léopard et aux moquettes parsemées de lierre.

 

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Dans le grand salon rond de Lèves, une borne Napoléon III est posée sur une moquette à motifs panthère.

 

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Amis des plus grands Picasso, Satie, André Malraux, Sagan et j'en passe. Son mari "l'amour de sa vie" Marcellin et Elle ont aidé Chaïm Soutine et ont contribué à sa célébrité. Un portrait de Madeleine en 1929 peint par Soutine.

 

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Malgré toutes ses excentricités, c'était une femme de lettres, très cultivée ; elle recevait dans sa boutique (sa dernière boutique : rue Jacob, maintenant Salon de Thé Ladurée) autour d'un thé  et pouvait parler de littérature pendant des heures.

 

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Elle était connue avant la guerre de 1939 et jusqu'au décès de son mari par ses chapeaux  tous plus extravagants les uns des autres. Ensuite la peur du ridicule ne la touchant absolument pas, elle portait des perruques tenues par un élastique sous le menton et elle reproduisait ses cils avec un pinceaux sous ses yeux, mais néanmoins élégante femme qui portait les plus grandes marques.

 

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Dans un langage moderne, nous pourrions l'appeler  "une déjantée" , mais je ne me permettrai pas car sous ses aspects différents des grandes dames du monde, elle a osé vivre  la vie qu'elle s'était choisie à une époque ou le paraître avait une importance primordiale.  Malgré tout, elle a été très respectée dans le monde de la décoration d'intérieur. Elle est décédée en 1992 à l'âge de 98 ans. Jusqu'à la fin de sa vie Madeleine disait : "l'important c'est que je m'aime ; les critiques des autres je m'en fous."

 

 

Conclusion :

Il faut toute sa vie avoir de l'ambition et aller jusqu'au bout de ses envies.

Pour la petite histoire, je n'ai jamais pu acheter la jolie maison de mon enfance, mais j'avoue avoir essayé dans les années 1980, mais elle n'était pas à vendre.

 

13 septembre 2010

Le Bon Pasteur - La Providence à Sanvic (Seine Inférieure)

Quand dans les années 1950 on parlait de "Bon Pasteur", bien souvent c'était pour nommer des maisons de redressement.

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Bien austère n'est-ce pas ! Celui-ci se trouvait à SANVIC près du Havre. Je vais vous raconter comment j'ai été amenée en 1947 à connaître cet établissement ; mais avant je vais vous faire une petite rétrospective  de la création du Bon Pasteur à Sanvic.

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En 1842, le Havre deuxième port de France attirait une population venue de la campagne environnante. Parmi les notables de la ville, il y avait la famille AUGUSTIN-NORMAND dont Jacques était le fondateur du chantier naval. Madame Augustin-Normand et plusieurs autres dames ont créé en 1842 la Société de la Providence, dans le but de sauver des femmes et des jeunes filles qui s'abandonnaient à la prostitution dans le port du Havre. Elles s'adressèrent au Soeurs du Bon Pasteur d'Angers qui s'en occupèrent jusqu'en 1902.

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En 1902, le Bon Pasteur fut confié aux religieuses hospitalières de la congrégation de Saint Thomas de Villeneuve. S'étant agrandi, cet établissement se voyait confier chaque année par les tribunaux plusieurs dizaines d'enfants pour y vivre et poursuivent leur scolarité. Vivant en totale autarcie, alors qu'aucune administration n'allouait d'aides pour leur action sociale.

Il faut dire que les religieuses de St. Thomas de Villeneuve étaient souvent des femmes venues d'un milieu aisé et quand leurs parents décédaient leur part d'héritage rentrait entièrement dans la congrégation. Les religieuses au nombre d'une trentaine et les pensionnaires assuraient elles-mêmes la culture du potager, le soin aux animaux et tous les ateliers d'entretien.

Après la guerre ma tante y était religieuse sous le nom de "Soeur Ernestine". En 1947, sa congrégation décidait de l'envoyer dans une autre de leurs maisons aux Etats Unis dans le Connecticut. Avant de partir, elle avait le droit de recevoir sa famille proche pendant plusieurs jours, comme j'habitais avec mes grands-parents, j'étais du voyage ; c'est lors de cette visite que j'ai vu la mer pour la première fois ; je n'avais que 4 ans mais je m'en souviens très bien.

    

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  Me voici dans les bras de mon grand-père entourés de ma tante, de ma grand-mère et d'une employée lingère de Sanvic, car parmi les jeunes filles recueillies, certaines sont restées toute leur vie avec les religieuses et elles ne manquaient pas de travail.

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Beaucoup d'entre-elles sont devenues "lingères, blanchisseuses" car l'établissement avait sa propre blanchisserie, qui se chargeait du linge des hôpitaux ainsi que des paquebots de la Compagnie Générale Transatlantique, il y avait aussi l'entretien du linge des militaires du Fort de Tourneville et des particuliers, jusqu'en 1914/1918 on comptait jusqu'à 350 pensionnaires. En 1914, un arrêté de la préfecture autorisa l'association à recevoir des enfants délinquants, en danger moral et des pupilles de l'état.

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de 1921 à 1933, plusieurs bâtiments sont construits. Malheureusement, la grande guerre avait fait de nombreux orphelins et d'autres victimes de la misère.

En 1933, un pavillon spécialement dit des "toutes petites" réservée aux petites filles de 3 à 5 ans.

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Voici le réfectoire des petites, telle que je l'ai vu la première fois que je me suis rendue à la Providence.  Au début du siècle les amis de la maison qui faisaient parti des notables de la ville aidaient à améliorer les conditions de vie des enfants. Il y avait à la tête de la Providence, une mère supérieure dynamique, enthousiaste et surtout très moderne pour l'époque Mère St. Engelbert qui donna à l'établissement un tel essor qu'il était qualifié d'établissement pilote.

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Je me souviens très bien de l'immensité de ce domaine aux yeux d'une enfant, c'était comme un village dans la ville, on pouvait y trouver en plus de la blanchisserie, une boulangerie, un potager, un verger et au fond du domaine une ferme avec des animaux en liberté ainsi que des fleurs partout.

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300 à 350 enfants et jeunes filles jusqu'aux années 1970 de 2 ans à 21 ans apprennent à équilibrer leur vie, à tenir un intérieur et à travailler pour gagner leur vie. L'éducation est certes celle de l'époque, plus stricte et austère que celle d'aujourd'hui. Les sorties sont plus rares et surveillées, mais en compensation les anciennes disaient : " oui c'était dur mais tout cela s'efface dans le souvenir d'un climat exceptionnel, familial et joyeux". Je ne suis pas allée à la Providence de Sanvic, mais je peux témoigner car je suis allée toute ma scolarité en internat dans deux de leurs maisons  à St. Germain en  Laye et à Bry sur Marne entre 1953 et 1960 et l'ambiance était exactement la même.

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Les élèves montaient des spectacles et les grandes confectionnaient les costumes et les décors. De nombreuses représentations eurent lieu dans cette salle.

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Bien évidemment comme dans toutes maisons tenues par des religieuses, il y avait une superbe chapelle et à cette époque les enfants et les jeunes filles ainsi que le personnel allaient régulièrement à la Messe et en 1963, tous les soirs on allait encore au Salut.

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Je vous ai déjà parlé de la Colonie de Vacances qui faisait partie de la Congrégation et où les enfants de Sanvic se rendaient chaque été (un de mes billets :

Ma vie de châteaux du 8 novembre 2007..

 

la_providence

3 années de suite, j'ai partagé mes repas avec les petites de Sanvic dans ce réfectoire.

 

En 1978, les soeurs de St. Thomas de Villeneuve se retirent, le Bon Pasteur devient un établissement laïc. N'accepte plus que 50 pensionnaires, le grand dortoir est supprimé au profit de chambres traditionelles. Ainsi va la vie, les époques changent et nous passons à autre chose.

 

Après notre visite à Sanvic, ma tante a eu le droit de venir passer quelques jours chez mes grands parents avant son départ pour les Etats Unis. Voici la photo souvenir.

 

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dans les années 1960, les religieuses adoptèrent une tenue plus pratique, car la coiffe de cette photo était en gaze blanche et quand les religieuses étaient à la maison le voile noir était remplacé par un voile de gaze bien rigide blanc.

 

Beaucoup ont des souvenirs de pensionnat pas aussi idyllique que ceux que je viens de vous décrire, mais moi j'ai eu cette chance. Bien évidemment j'aurais préféré vivre avec mes parents, mais eux en avaient décidé autrement.

 

 

Je vous demanderai d'avoir la gentillesse de ne pas prendre mon blog pour un tchat, toutes les personnes qui ont mis un commentaire pour retrouver une ancienne du Bon Pasteur ne sont pas certaines d'avoir une réponse, car cet espace est un blog personnel d'une petite fille des années 1950, qui remonte ses souvenirs  d'enfance. Je décris suivant ma mémoire du temps de l'époque, quand je suis allez rendre visite au Bon Pasteur, pour dire aurevoir à ma tante religieuse dans cet établissement avant qu'elle ne parte dans un maison de St. Thomas aux Etats Unis. En aucun cas, je ne suis une ancienne du Bon Pasteur. Celles qui passent par ici et qui désirent se retrouver, ne prenez pas mon Blog comme support. Je n'accepterai plus de messages persos, je les retirerai.

Merci pour votre compréhension.

Cordialement à toutes

 

Manouedith

 

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