Nicole a tout faux !

Toutes ressemblances avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence.

Aujourd’hui Nicole,  rentre dans cette dizaine, qui malheureusement pour beaucoup est celle, ou l’on tire notre révérence.

Elle se souvient, quand sa grand-mère a fêté cet anniversaire, celle-ci avait dit :

« A partir de maintenant, je fais du rab.. »

Sa petite fille,  voudrait pouvoir dire cette phrase, seulement dans la suivante et pourquoi pas dans celle d’après.

Elle avoue qu’elle a peur 

C’est aussi, celle ou nous regardons de plus en plus dans le rétroviseur de la vie.

 Pour Nicole, dès le début cela a mal commencé. Son père et sa mère ne voulaient  pas de cet enfant. Ils ont hésité devant la porte de la faiseuse d’anges.

Le jour de la naissance, à la sortie de chez la sage femme, ils ont opté pour la confier à une nourrice.  Aucun petit lit douillet ne l’attendait chez eux.

Quand elle a eu vingt trois mois. Un jour, Nicole a reçu la visite de sa grand-mère maternelle avec sa maman. La petite, trottinait autour d’elles.

Au moment du goûter elle a dit à sa nourrice « merci maman ».

Ce simple mot prononcé a bouleversé la grand-mère, au point qu’elle aurait dit à sa fille :

- Ce n’est pas possible que cette petite dise, papa et maman à des étrangers,

ton père ne sait pas, mais tant pis je la ramène chez moi.

 Premier abandon.

 

Neuf années se sont écoulées à la campagne, entourée de grands-parents bienveillants et d’une visite mensuelle de sa mère.

Un jour, celle-ci,  refit sa vie avec un homme très gentil,  qui dit :

Je prends la mère, je prends la fille.

Sauf qu’en réalité la rentrée scolaire suivante elle s’est retrouvée en pension chez des religieuses.

 A 9 ans, elle a appris à faire son lit et à vivre en communauté. Déjà depuis l’âge de 5 ans, chaque été elle allait en colonie de vacances au bord de la mer, certainement pour l’habituer à ce qui allait se passer.

Deuxième abandon.

 

Du samedi soir jusqu’au dimanche soir, elle se rendait chez ses parents et cela a duré jusqu’à ses 14 ans. Cette année-là, les parents ont essayé de la reprendre chez eux à l’essai !

L’année suivante son certificat d’études en poche, elle intégrait une autre pension chez les mêmes religieuses, mais cette fois dans un château.

Peut être pour mieux faire passer la pilule ?

Les visites hebdomadaires ont repris comme les années précédentes.

C’est ainsi qu’elle apprit le secrétariat.

 A 18 ans, elle est de retour chez ses parents. Une vie d’adolescente difficile à vivre sans beaucoup de liens affectifs avec  les uns et les autres.

Rapidement elle a trouvé du travail. A cette époque c’était très facile, nous étions dans les années 1960.

De ce jour là Nicole, n’a eu qu’une seule idée en tête se sauver.

Mais pour cela, pas question de partir sans être mariée. La famille  ne l’aurait pas toléré. Le premier jeune homme qui lui a parlé mariage a été le bon.

Il s’appelait Jean-Pierre, il  était étudiant, fils unique d’une bonne famille, gentil ; alors pourquoi pas.

 

Ils se sont mariés aussitôt. Un an et demi après une ravissante petite fille qu’ils ont appelé  « Adélaïde » est arrivée dans la joie.

Elle était si heureuse, cette poupée allait être sa princesse, celle qu’elle allait chérir et qui ne dormirait jamais à 9 ans dans un dortoir entouré d’une cinquantaine de petites filles.

Peu de temps après, une seconde petite fille voit le jour, une Miss Sourire prénommée « Aurore ».

Une vie agréable, un mari gentil, qu’elle aimait BIEN, un confort de vie normal, des arrières grands-parents attentionnés, des grands-parents présents, une maison de campagne et quelques années plus tard, une jolie résidence principale, loin de la ville dans un beau village. Dix ans de bonheur et d’une vie de famille ordinaire.

Peut être un petit peu trop « plan plan » à son goût, elle l’éternelle rêveuse !

 

Et c’est là où tout a basculé, romantique,  sentimentale, fleur bleue, elle rêvait encore d’un grand amour.

Il s’est présenté avec ses quelques années de moins : jovial, bien éduqué, d’une famille bien sous tous rapports, avec le joli prénom de Valentin.

Coup de foudre de sa part, lui aussi parait-il !

Ce qui devait arriver est arrivé, dans les années 1970 la pilule n’existait pas !

Par honnêteté, rapidement elle a tout révélé à Jean-Pierre, celui-ci d’une générosité incroyable à laquelle elle ne s’attendait pas lui a dit :

« Tu ne vas pas tout jeter à la poubelle de ce que nous avons construit depuis notre mariage », je suis prêt à reconnaître cet enfant, il portera mon nom et je suis certain que notre vie reprendra comme avant,  car moi je t’aime.

Toujours aussi droite dans ses baskets, elle n’a pas accepté.

 En 8 mois le divorce fut prononcé et elle est partie avec ses princesses, convaincue qu’elles allaient vers le bonheur.

Sauf que ce jour là, aveuglée par son amour. elle a fait entrer sans le savoir le loup dans la bergerie,

  Elle n’a jamais rien vue et elle apprendrait l’irréparable de nombreuses années plus tard, sans jamais n’avoir rien soupçonné.

Trop tard à l’époque pour porter plainte, il y avait prescription.

Quelque temps après, Aurore   les quittait  pour toujours, emportée par un cancer foudroyant.

 En aucun cas, elle n'a pensé qu’Adélaïde avait pu subir le même sort puisque devenue adulte, mariée, mère de famille, elle continuait à le recevoir aux fêtes familiales, (au risque qu’il s’en prenne à ses enfants) !!!

Ce n'est que 45 ans après, qu'elle comprendra   l’horreur.

Troisième abandon.

Pendant ce temps là, vingt ans s’étaient écoulés !

Deux adorables enfants étaient venus agrandir cette si jolie famille.

Au fil des années, la violence s’était installée, les coups commençaient à pleuvoir, si elle voulait défendre ses enfants, elle aussi en recevait. Il était loin le grand amour auquel elle avait cru.

Que faire ? Où aller ?

Pas de frères ni de sœurs, encore moins d’oncles ou de tantes et des parents qui fermaient les yeux.

 Depuis plus de 10 ans elle ne travaillait plus, elle n’avait donc pas d’argent.

Aucune association à l’époque vers laquelle se retourner.

Malgré tout cela, elle reste aveugle, elle se laisse amadouer par les excuses et les fleurs du lendemain.

 

Ainsi la vie a continué.

Avide d’amour maternel, pendant une période de calme, elle a voulu adopter deux autres enfants.

C’est ainsi que sont arrivés dans leur foyer deux nouveaux "amour" qu'elle a aimé comme ses propres enfants, sans se rendre compte qu’ils auraient pu être en danger ;  mais elle ne savait pas !.

Pendant toute cette période les enfants grandissent, elle s’ intéresse à la vie associative de sa commune et rentre même au sein du conseil municipal.

Une façon pour elle de s'enrichir intellectuellement,  puisqu’il n’était pas question qu’elle travaille.

Elle l’aimait toujours.

et  ce mariage a duré 20 ans !

   

Quelques années plus tard, le calme revenu,  elle refera une nouvelle fois sa vie, en rencontrant  un homme simple, gentil, aux qualités multiples et qu’elle aime.

Vingt deux ans plus tard, elle est toujours aussi  heureuse avec lui.

Ils s’avancent  tous les deux, doucement vers la dernière partie de leur vie.

Et là, « Boum » quelques semaines avant son anniversaire,  sa vie explose à nouveau.

 

Elle est loin de se douter de ce qu’elle allait vivre.

L’enfant dont elle était la plus fière, lui adresse au lendemain d’un évènement  joyeux qu’ils avaient  partagé tous ensemble, une lettre remplie de méchancetés,  de reproches à laquelle elle n’a même pas eu le droit de réponse, puisque que son enfant a  refusé ses lettres postales et lui  a faites retournées sans les lire.

Quelques jours plus tard un pli recommandé lui est adressé, avec une mise en demeure de retirer toutes les photos  concernant  sa famille qui se trouvaient sur les réseaux sociaux,  alors que l'enfant devenu grand, n’avait jamais rien dit.

Des copiés/collés  sont faits, pour les remettre à un avocat… (dixit un SMS au mari de sa mère).

Des intimidations administratives d’un  officier public et j’en passe. L’autre enfant s’est même permis d’écrire sur son site personnel en la faisant passer pour une personne qui n’a plus toute sa tête.

Alors voyez-vous, la coupe est pleine et ses 80 ans ont un réel goût amer.

4ème abandon,

mais surtout une grande désillusion vis à vis  de deux de ses enfants.

Elle réalise au crépuscule de sa vie qu'elle a tout faux !

 

Toute sa vie, elle a aimé ses enfants, elle a essayé d’être une bonne mère, elle n’a,  ni tué, ni violé, ni volé, mais elle a  pourtant fait ce qu’elle a pu avec les faibles moyens qu’elle avait reçus à sa naissance, elle pensait s’en être bien tirée. Un jour même, l'enfant dont elle était la plus fière lui avait dit : "Maman tu étais le pilier de la famille, heureusement que tu étais là" ! 

A croire que non !

Tout cela n’est pas fait pour amadouer les lecteurs.

Seulement pour prouver que parfois la vie n’est pas ce qu’elle montre.

Surtout ne pas juger les faits comme s' ils s'étaient déroulés maintenant au 21ème siècle.

Ce sujet n'est plus un tabou, on en parle tous les jours.

Dans les années dont Nicole parle, c'était tout à fait différent. C'était un sujet cadenassé dont personne ne parlait.

Combien de maman n'ont rien vu ? n'ont rien compris ? n'ont pas su intervenir ? Elles  ne pouvaient  pas faire grand chose, trop facile maintenant avec les moyens que nous avons de juger. Alors remettez-vous dans le contexte. 

N'oubliez pas que d'après un rapport de l'IPSOS récent 1 enfant sur 10 en 2023 en est victime. En 20 ans, le nombre a triplé. 

Les victimes sont marquées à vie.

Alors que les prédateurs qui n'ont jamais étaient découverts, vivent à côté de NOUS  TOUS,

  tranquillement la vie de Monsieur tout le monde

Chaque jour, combien en croisons-nous sans le savoir ? 

Comments

[Praline]

Je suis en totale admiration devant Nicole, il lui faut une force de vie incroyable pour encore être "debout", même si parfois elle peut ressentir tristesse et découragement, déception et colère légitime.

Bises à vous deux.