L’histoire du Château de Sully en Saône et Loire
Depuis longtemps, je voulais aller visiter ce château qui a vu naître le Président de la République qui occupa le premier l’Elysée :
Patrice de Mac Mahon, comte de Mac Mahon, duc de Magenta, né le 13 juin 1808 au château de Sully près d'Autun et mort le 17 octobre 1893 au château de la Forêt, à Montcresson, homme d’état de 1875 à 1879.
Partout, ce château est considéré comme l’un des plus beaux de la Renaissance en Bourgogne. Nous avions déjà visité plusieurs autres merveilles dans cette région.
C’est donc par une belle journée d’été indien que nous avons pris le chemin des « climats » bourguignons. Evidemment, nous avions pris notre pique-nique, car quand on le peut, il ne faut pas se priver d’un petit bonheur tout simple : déjeuner au milieu des vignes, surtout à cette époque, elles ont des couleurs sublimes. En été, elles ne sont pas mal non plus, nous y avions emmené nos amis cambodgiens qui s’en souviennent encore. Seuls devant l’immensité, face à des paysages grandioses, croyez-moi, c’est le top. Cette beauté qui nous entoure nous laisse un souvenir inoubliable. C’est un lieu magique et peu conventionnel pour déjeuner.
C’est ainsi, que nous étions aux portes du château de Sully à 14 heures tapante, pour démarrer la première visite guidée de l’après-midi. Beaucoup plus chaleureuse la présence d’un guide, qui a toujours une petite histoire plus ou moins croustillante à raconter, qu’un audiophone ou une tablette à lire. Seule petite frustration pour moi : interdiction de photographier les intérieurs, car c’est un château privé où réside Madame la Duchesse de Magenta et ses enfants. Je le comprends tout à fait et je respecte.
Quand nous sommes arrivés, la grandeur du château aux allures Renaissance nous a interloqués. Une fois passés, la première porte de cette enceinte carrée aux bâtiments rajoutés au fur et à mesure des années pour former une jolie cour, la plus belle de tous les châteaux de France, que l’on doit au propriétaire du XVIème siècle : Gaspard de Saulx Tavannes. La visite peut commencer.
Tout a débuté par une forteresse au Moyen Âge avec 8 tours entourées de murs et de douves. Le château s’est transformé au fil du temps. Néanmoins, il reste certains murs auxquels on a rajouté sur le devant, d’autres murs afin qu’ils donnent l’apparence que nous lui connaissons et soit en harmonie avec ses allures Renaissance.
C’est au XIVème siècle que la famille Montaigu devient propriétaire de Sully. Ensuite comme je viens de vous le dire Gaspard de Saulx Tavannes. Mais, c’est au XVIIIème siècle que le château est racheté par trois frères Les Morey dont Jean-Baptiste le dernier âgé de 64 ans, tous les trois célibataires. Mais pour continuer la descendance il faut qu’un d’eux se marie et c’est vers une cousine d’une vingtaine d’années : Charlotte le Belin, que se tourne Jean Baptiste pour se marier, malheureusement l’époux tombe malade et décède rapidement, il avait été soigné par un certain Jean Baptiste de Mac Mahon. Médecin. Charlotte touchée par les soins donnés à son mari et sa distinction de Marquis, accordée par Louis XV. Une fois la période de veuvage passée Elle offre sa main à Jean Baptiste de Mac Mahon et ils ont 7 enfants. C’est ainsi que par le biais des héritages, le château de Sully reste dans la famille de Mac Mahon depuis la fin de la révolution à nos jours.
Pendant la Révolution, veuve et ses fils partis se battre avec l’armée des émigrés, Charlotte se retrouve seule face aux révolutionnaires qui tentent de s’emparer de son château. Elle leur tient tête malgré ses 80 ans. Elle commence par démanteler la chapelle et faire de cette grande pièce de culte à l’intérieur du château une salle de bal. Elle a tout de suite compris, que si elle n’employait pas les grands moyens, bien vite les révolutionnaires s’empareraient de son bien et le détérioreraient. Parmi le mobilier religieux, se trouvait une vierge bourguignonne taillée dans le calcaire qui datait du XVème siècle. Elle l’enterrera assez profondément dans son parc on ne la retrouvera que longtemps après, abîmée par l’humidité prolongée, ce qui a pu se réparer l’a été, le reste est resté dans l’état. Néanmoins surprenante statue qui a repris sa place dans la chapelle actuelle.
Charlotte a une fin de vie peu banale. Ce qui mérite que je vous la raconte. Les derniers jours de la révolution elle décède. Ses fils sont encore loin du château. Régulièrement les révolutionnaires lui rendent visite. Ils attendent avec impatience la mort de celle-ci pour s’emparer de la demeure et de ses biens. Alors, ils ne doivent pas apprendre son décès tout de suite. Il faut gagner du temps. Son Régisseur et son entourage emploient un stratagème qui marche, ils remplissent une auge en bois de marc de Bourgogne et l’immerge dedans, quand les commissaires du gouvernement se présentent, ils la remettent sur son lit et disent qu’elle est au plus mal. C’est ainsi qu’ils purent attendre le retour de ses fils pour la déclarer décédée.
Les Mac-Mahon descendent d’une ancienne famille irlandaise qui se réfugie en Bourgogne à la chute des Stuarts.
Voici comment la famille de Mac Mahon obtient le titre de Duc. En 1859, Patrice de Mac Mahon se distingue particulièrement lors de la Campagne d’Italie de 1859 par chance, par audace et par flair, il remporte la bataille de Magenta ; alors pour le remercier Napoléon III le fait Maréchal et lui donne le titre de Duc de Magenta, titre encore porté aujourd’hui par son arrière arrière petit fils Maurice. Le Maréchal devient Président de la République, comme je vous l’ai dit plus haut, il est le premier Président à résider à l’Elysée. Pendant son mandat, Il passe 3 semaines à Sully en 1876, On installe une gare, le téléphone…. Et Sully devient l’Elysée de la Bourgogne.
Aujourd’hui, le château est habité par la Duchesse de Magenta, veuve du 4ème Duc de Magenta et leurs deux enfants « Pélagie et Maurice ». Descendants des Ducs de Bourgogne, ils relèvent ensemble le défi passionnant de l’histoire de Sully.
De par son investissement visionnaire, il y a quarante ans dans le meilleur des vignobles bourguignons à Chassagne-Montrachet. Philippe de Magenta permet à sa famille de dire encore la célèbre phrase de son ancêtre :
J’y suis, j’y reste.
Visite très intéressante, château resté dans son jus, une Duchesse des temps modernes qui fait tout pour garder l’héritage de ses enfants, loin du luxe et des ors de l’Elysée. Une Madame « presque » comme tout le monde qui est loin d’avoir l’allure d’une Duchesse comme nous, nous l’imaginons. Et qui a le sens des responsabilités. Parfois le destin vous réserve de drôles de surprises et par honneur on se retrouve obligé d’assumer. Elle n’est certainement pas à plaindre, mais respectable pour l’œuvre entreprise : garder son château coûte que coûte entourée seulement d’une dizaine de personnes. Beaucoup trop de personnes ont du mépris pour les châtelains, qui ont le sens de l'honneur pour conserver notre patrimoine à tous.
Sources : Internet et le livre des aquarelles de Sully