Carl Fabergé et ses oeufs pour le Tsar
Bientôt, nous fêterons "Pâques".
Pour les Catholiques et les Orthodoxes, c'est une fête chrétienne, pour les Juifs la Pâque ou Pessah commémore la fuite en Egypte, mais pour tous elle est suivie d'une coutume bien sympathique. Nous organisons pour les enfants des chasses à l'oeufs dans nos jardins et même dans nos maisons si le beau temps n'est pas de la partie.
pour les grands, si ce jour là je reçois ou si je rends visite j'offre un oeuf peint car l'oeuf est le symbole de vie et de renaissance. La tradition d'offrir des oeufs décorés en cadeau le jour de Pâques, c'est l'une des plus vieilles traditions du monde et j'aime la perpétuer.
Je vais donc profiter de cette occasion pour vous parler de Carl Fabergé et de ses oeufs qui sont de vrais oeuvres d'art ; nous lui en connaissons 47 qui se partagent entre la reine d'Angleterre et des collectionneurs privés, Une dizaine de ses œufs sont conservés au Kremlin,
Mais il semblerait qu'entre 1885 et 1917, une série de 50 ou 56 oeufs fut produit pour le compte des tsars de Russie Alexandre III et Nicolas II.
La famille "Fabergé" a ses origines en France dans ma région "La Picardie". Famille protestante des environs de Vervins. Au moment de la révocation de l'Edit de Nantes en 1685, la famille Fabergé qui s'appelait :Fav(b)ri et ensuite Fav(b)ier est obligée de fuir la France. Après avoir traversé les royaumes et provinces allemandes ils s'établissent dans la province de Baltes.
C'est en 1800, que le grand-père de Carl "Pierre" émigre en Russie et s'installe comme bijoutier, orfèvre à Pernau en Livonie une des provinces russe près de la baltique. Il prend la nationalité Russe. A la génération suivante le père de Carl "Gustave" orfèvre et joaillier ouvre une boutique à Saint Pétersbourg .
Quand Carl naît en 1846, l'affaire se développe Gustave déménage pour s'agrandir et trouve un meilleur emplacement. Quand Carl devient adolescent, son père l'envoie étudier en Europe afin qu'il puisse être son bras droit et qu'il reprenne la maison en 1872 quand il part en retraite. Les deux autres fils Fabergé "Agathon et Nicolas" prendront plus tard le même chemin pour épauler leur frère.
Le tsar Alexandre III lui accorde, en 1884, le "privilège de fournisseur de la cour", titre qu’il partage avec de nombreux autres bijoutiers comme le français Cartier. Cependant, la qualité et l’originalité de la production de Fabergé lui permettent de toujours conserver la faveur du tsar qui favorise l’engouement de l’aristocratie et de la riche bourgeoisie russe ainsi que d’autres grands de ce monde.
La technique de prédilection de Fabergé est l'émail dont il fabrique plus de cent nuances et, tout particulièrement, l’émail guilloché qui consiste à inciser une surface en or ou en argent que l’on recouvre ensuite d’une couche d’émail transparent, afin de laisser visible le motif gravé.
En 1884, présentation à la cour le premier oeuf impérial "L'oeuf à la poule"
Il est réalisé en or et décoré d’un émail blanc translucide à reflet d'huître, censé lui rappeler son pays natal. Cet œuf, dit à la poule recèle une "surprise", une poule en or.
L’œuf est présenté à l’impératrice à Pâques et il plaît tant à leurs Majestés impériales qu’à compter de ce jour la commande devient une tradition. Chaque année, durant la semaine Sainte, Fabergé livre un chef-d’œuvre pascal à l’empereur, pièce unique renfermant une "surprise".
Après le décès d’Alexandre III, son fils Nicholas II perpétue la tradition et les artisans de la Maison Fabergé réalisent alors chaque année deux œufs de Pâques - un pour l’impératrice douairière et l’autre pour l’épouse de Nicolas II, l’impératrice Alexandra Fedorovna.
La "surprise" contenue dans les œufs est tenue secrète, même des membres de la famille et ce, jusqu'au jour de Pâques. Quand le Tsar, curieux, demande à Fabergé de dévoiler le secret ou au moins de lui donner un indice, Fabergé répond à chaque fois : "Votre majesté sera satisfaite !"
C’est l’année 1900 qui marque l’apogée de la firme. La Maison Fabergé présente hors concours, à l'Exposition Universelle de Paris, les cadeaux impériaux de Pâques. L’effet sur le jury des spécialistes est considérable : Fabergé est élu à l’unanimité Maître de la Corporation des bijoutiers de Paris et reçoit même la Légion d’honneur. Son fils Eugène et l'un de ses mâitre orfèvre est également distingué.
Pour moi le plus touchant des oeufs fut celui de 1916 offert à la tsarine douairière encore plus dépouillé que les autres afin de marquer la terrible époque, en émail blanc seulement décoré des symbole de la croix rouge dont elle avait pris la direction, entouré d'une inscription :
"Il n'existe pas de plus grand amour, que celui de l'homme qui donne sa vie pour ses amis."
A l'intérieur se trouvait un petit paravent décoré par les portraits miniatures sur nacre de la tsarine et de ses filles en uniforme d'infirmière.
En 1918, l'entreprise Fabergé de St. Pétersbourg devenu Pétrograd est nationalisée. En 1920 Carl Fabergé meurt en exil à Lausane, en 1929 son fils Eugène fait rapatrier son corps au cimetière de Cannes. Ainsi, la boucle est bouclée son corps repose à tout jamais dans le sol français d'où 244 ans plus tôt, ses aïeux s'étaient enfuis.
Ma modeste collection d'oeufs qui ne sont que des copies.
Tout comme pour Chanel, l'histoire des Fabergé m'a toujours fascinée, si vous aussi vous êtes intéressés, je vous conseille de lire le livre qui vient de paraître
de Caroline Charron :
FABERGE de la cour du tsar à l'exil.
Une biographie très bien écrite qui se lit comme un roman.
En 2007, le nom Fabergé, noyé sous les licences, est racheté pour mieux renouer avec la légende joaillière. Sous la bénédiction de la dynastie elle-même. Ainsi, Tatiana Fabergé veille au respect de l'héritage artistique de son arrière-grand-père. Côté création, c'est l'artiste joaillier parisien Frédéric Zaavy qui perpétue les nouvelles créations.