Jujurieux Les soieries Bonnet et la ville fleurit
Le saviez-vous. Le jour de la fête des Pères c'était également la journée du patrimoine industriel. Fervente adepte du Journal télévisé sur la 1 à 13 h. Pas adepte particulièrement pour les infos, mais pour les balades que Monsieur Pernault nous proposent à travers la France et les reportages sur la France profonde qu'il nous fait partager. La semaine dernière, il nous a parlé des Soieries Bonnet à Jujurieux, à quarante minutes de la maison. Puisque le temps n'était pas encore au beau fixe pour aller essayer le canoë, nous en avons profité pour aller à Jujurieux ; déjà la route est fort agréable les montagnes, les coteaux bien verts, que c'était joli. En arrivant dans cette charmante bourgade de l'Ain, toutes les maisons étaient pavoisées de fleurs en papier pour la fête de la musique, regardez comme le comité des fêtes a bien travaillé.
Toutes les maisons de la bourgade étaient décorées, quel travail et quand je pense que le lundi il a plu toute la journée, comment seront-elles toutes ces fleurs en papier pour le jour de la fête de la musique samedi prochain ?
Mais le déplacement était pour l'usine de soieries créée en 1810 par Monsieur Claude Joseph Bonnet, elle ferma ses portes en 2001, maintenant le Conseil Général de l'Ain a racheté une partie des bâtiments pour en faire un Musée Industriel et montrer aux générations futures comment travaillaient les jeunes filles et les jeunes femmes au début du XIXème siècle .
L'usine de Jujurieux est née aussi de l'idée paternaliste un peu comme Godin à Guise avec néanmoins beaucoup de différences, Godin avait voulu faire du social et donner à ses employés une vie de travail et une vie sociale en ne sortant pas du site, alors que Claude Joseph Bonnet a misé plus particulièrement sur le pensionnat industriel, il y en a eu plusieurs dans le sud est de la France, mais celui-ci a été l'un des plus importants avec à une certaine époque 700 jeunes filles il a été surtout celui qui a duré le plus longtemps puisqu'il a fermé ses portes qu'en 1941.
Monsieur Claude Joseph Bonnet est né à Jujurieux en 1786. Au début du XIXème siècle il se rendit à Lyon pour devenir employé en soieries puis ensuite fabricant de soieries ; c'est en 1835 qu'il eut l'idée d'édifier une manufacture à la campagne dans sa ville natale, sa spécialité qui fit grandir son usine ce sont les unis noirs et c'est à l'exposition universelle qu'il renforça sa consécration internationale.
Le pensionnat industriel permettait aux jeunes filles de ne pas être placées par exemple comme bonne à tout faire chez des cultivateurs ou des commerçants de la région. 70% venaient de l'assistance public, les autres de familles pauvres de l'Ain et des départements avoisinants même d'Italie et au XXème siècle de Pologne. Ces jeunes filles étaient encadrées par les religieuses de St. Joseph de Bourg en Bresse , elles travaillaient dans les ateliers de soieries, principalement au dévidage et au moulinage. En accord avec la législation de l'époque, elles étaient recrutées dès l"âge de 12/13 ans sous réserve de l'obtention du certificat d'études, ainsi la maison bénéficiait d'une main d'oeuvre abondante considérée comme peu coûteuse et docile. Certaines restèrent que quelques mois, d'autres plusieurs années mais rares sont les jeunes filles qui ont fait carrière dans l'usine. Néanmoins, elles sont éduquées elles apprennent la cuisine, la couture, comment tenir une maison et quand elles sortaient souvent elles faisaient des mariages intéressants ce qu'elles n'auraient certainement pas eu l'occasion autrement. Elles étaient payées modestement elles devaient placées leur argent à la caisse d'épargne de l'usine, ce qui leur faisait un petit pécule quand elle quittait le pensionnat.
Elle recevait également une éducation religieuse et elles avaient l'obligation d'aller à la Messe chaque dimanche. Contrairement à Monsieur Godin, la religion avait une place très importante.
C'est à partir de 1964 que la sixième génération familiale arriva aux affaires. Cette période fut marquée par une réduction sévère des effectifs de l'usine de Jujurieux. Malgré tout c'est par des essais de grande fabrication, puis par le rachat de métiers de velours façonné, auxquels les tisseurs de Jujurieux se convertirent et c'est ce qui sauva l'usine.
Les velours et les tissus, sont fabriqués pour les prestigieuses maisons de couture parisienne et prennent ainsi un galon supplémentaire dans le luxe de la Haute couture française.
Malheureusement avec l'arrivée en force des rayonnes, et des étoffes aux fibres synthétiques, ainsi que des fournisseurs asiatiques, l'usine a définitivement fermée ses portes en 2001.
Un écheveau de fil de soie
Pour agrémenter ce reportage, je me suis servie des anecdotes de notre guide, ainsi que du fascicule écrit par Henri Pansu pour illustrer les photos.